[RP] Sur les routes des terres acides

Il s'approcha des autres membres du groupe, et, haletant, l'oeil hagard, leur dit dans un souffle...
Je me suis fait attaquer par un monstre...

Shiroï, l'air de rien, se retourna et regarda au loin.
-Ca alors, j'aurais juré que quelqu'un venait de parler...
Puis il baissa les yeux vers le nain.
-Mince alors, il est si petit que je ne l'avais pas aperçu!

Il sourit d'un air satisfait, et au bout de quelques secondes :
-Bon, plus sérieusement, c'est quoi cette histoire de monstre?

[HRP]^^ tant pis pour les nains, elfes powaaaa!![/HRP]

Le nain fut outré par l'attitude de l'elfe ! Non mais vraiment !
Sachez, grand elfe ces deux derniers mots prononcés sur le ton le plus méprisant possibles que nous avons un changeur de forme sur le dos ! Et c'est pas de la tarte !

Mais non ! C'était pas un Doppeltruc ! Il avait pas le yeux argentés, mais les yeux rouges !

-Et il doit être capable de se rendre invisible parce que là...même l'autre, là il désigna Astril n'a pas besoin de ses yeux quand il n'y a rien à voir. Alors c'est bien gentil tout ça, mais il faudrait peut-être être plus convaincant pour ta prochaine blague, mon petit.

-Allez, on y va, Dhyna.

Et il reprit son chemin à la suite de Liriae.

Il murmura Saloperie d'elfe !
Puis il se retourna vers Astril et commença à lui expliquer :
Eh bien, j'tais avec mon cousin, Groïn, si tu t'souviens bien, et tout d'un coup il s'est mit à agir de façon trés étrange. C'est là que je me suis rendu compte que c'était pas mon cousin ! Ses yeux sont devenus tous rouges et...
Il s'arrêta une seconde, comme s'il cherchait ses mots
J'ai eu une impression étrange...Comme ce que je ressens quand je suis prés des deux femmes à ailes...mais en bien plus puissant...si tu vois ce que je veux dire...l'impression que ce truc était vraiment démoniaque...
Il se ressaisit
En tout cas, ce truc s'est transformé, et il a pris mon apparence ! Il m'a attaqué, et j'aurais été tué, mais quelqu'un lui a tiré une fléche ! Il l'a arrêtée comme ça, juste avec ses doigts, et puis il s'est barré...Ensuite, j'ai couru pour vous rattrapper, et me voilà ici...

Les jumeaux étaient repartis rapidement, mais peu de distance les séparaient encore d'Astril et de Glardaï, et l'ouïe fine de Dhyna avait pu saisir quelques bribes de la conversation, et plus particulièrement le "saloperie d'elfes" qui lui déplut fortement, à tel point qu'elle fit immédiatement demi-tour pour aller se planter devant le nain, écartant le barde violemment.
Elle lui adressa la parole presque en criant, l’air hargneuse et furieuse :
-Dis donc, petit bonhomme, ça fait deux fois que tu nous insultes "d'elfes". Tu crois vraiment que nous ressemblons à ça? Elle montra Astril. A ces créatures stupides et sans intérêt?

Puis d’un mouvement presque imperceptible elle sortit une dague de son étui et saisit Glardaï par la barbe, pour le fixer dans les yeux, lame sous la gorge du petit personnage. [HRP] Enfin bon dans la mesure du possible, avec la barbe par-dessus ^^[/HRP]
-Encore une fois, et je peux te jurer que tu peux dire adieu à ta vie, nabot. Tu as de la chance qu'aujourd'hui je n’ai pas de temps à consacrer à des futilités.

Puis elle recula tout en continuant de fixer le nain droit dans les yeux, les yeux de l’elfe noire étant passés du vert profond à un bleu clair et électrique, du même bleu que la foudre qui l’avait amenée à cet endroit.
Elle rangea sa dague et cette fois-ci s’en fut à la poursuite de Liriaë avec la ferme intention de ne plus perdre de temps.
Pendant la scène, Shiroï avait tellement rit de voir sa sœur ainsi déchaînée et l’air si abasourdi du nain qu’il s’en tenait les côtes, et qu’il en riait encore en repartant avec elle.

Il se sentit frissonner à l'écoute de ce chant, mais il prit son courage à deux mains et essaya de répondre à la question, tout en ignorant l'intervention de l'elfe noir, se contentant de le classer dans les personnes qu'il jugeait complétement cinglées [HRP : la liste commence à devenir longue !]

Je sais pas ce qu'il me voulait, il a parlé d'un certain Mephistophélés, et il arrêtait pas de m'appeller Envoyé...il a dû me confondre avec quelqu'un d'autre...

En chemin, Shiroï se repassait la scène du nain complètement afollé par son histoire de monstre. Ca lui rappelait qu'il en avait rencontré un, de monstre, il y a bien longtemps. Et cette fois-ci il avait bien cru y passer...

___________________________________________

-Shiroï! Dépêche-toi! Ta sœur est déjà prête!
-Maman…
-Pas de ça avec moi ! Laisse ça tranquille, et prépare toi de suite!
-Pff, on n’a jamais le temps de s’amuser ici…

Le jeune elfe noir délaissa le chevalet de torture sur lequel était attaché un gnome à moitié disséqué pour poser ses instruments de torture et enfiler une légère armure de cuir et ceindre deux simples épées courtes sur ses hanches. Pas de casque, ni de protections aux bras et aux jambes. De simples bottes de chasse, une dague glissée dans l’une d’elles, mais rien de plus.

-Me voilà.
-C’est pas trop tôt! Tu te souviens au moins qu’on passe le test, ce soir?

Dhyna apparut dans l’encadrement de la porte. Malgré son jeune age elle était déjà très en beauté, et elle ne faisait rien pour le cacher. Vêtue d’une chemise à manches courte décolletée, maintenue à la taille par une ceinture à la boucle argentée, ainsi que d’une courte jupe noire et de longues bottes de cuir noir, ses jeunes formes attiraient néanmoins l’œil. Ses cheveux était tressés sur l’ensemble de sa tête et encadraient un visage radieux. Sa main gauche tenait fermement une lyre d’apprentissage, ce qui n’enlevait rien aux performances de l’instrument. Dhyna jeta un regard malicieux à son jumeau.

-Humpf… ça va être du gâteau.
-Ouais…heureusement quand même que je suis là pour assurer tes arrières, hein ? Souviens-toi la dernière fois quand…
-Les enfants!
-On arrive!

Quelques minutes plus tard, ils étaient en route pour les arènes de la ville. Il ne leur fallut que quelques instants pour y arriver, et quelques instants de plus pour voir les jumeaux attendre devant une grille fermée donnant sur le centre de l’arène, un elfe noir à l’air hargneux leur donner quelques…explications.

-Vous deux vous avez de la chance de pourvoir combattre ensemble, hein? C’est pas tout le monde qui a une mère qui siège au conseil, parce que sinon moi les chiards comme vous…enfin bref. On n’a pas besoin de faibles chez nous alors vous avez intérêt à montrer de quoi vous êtes capables. C’est pas parce que vous êtes de haut rang qu’on va vous faire des cadeaux, okay? Alors maintenant vous attendez que j’ouvre la grille et vous vous dirigez vers le conseil.

Sitôt dit, sitôt fait, il s’en alla actionner un levier dans une salle annexe. Le regardant s’éloigner, Shiroï confia à sa sœur d’un air méprisant :
-Encore un… celui-là j’ai bien envie de lui apprendre la politesse, et on verra si il ose encore nous traiter de « chiards »…

Le grincement de la grille se levant se fit entendre et les deux elfes se précipitèrent par l’ouverture.

La nuit venait à peine de tomber mais la lune était déjà haute dans le ciel, illuminant de son dernier quartier l’arène d’une faible mais douce lumière. Directement à l’opposé de la grille venant de s’ouvrir siégeaient douze des treize membres du conseil sur une tribune installée dans les gradins. Sur ces mêmes gradins, quelques centaines d’elfes noirs étaient venu assister au spectacle. Le grand chef du conseil se leva de son siège pour prendre la parole et le silence retomba immédiatement.
-Dhyna Da’ar, Shiroï Da’ar, approchez.
Ce qu’ils firent sur le champ.

-Vous êtes ici ce soir pour prouver votre valeur en tant que combattants. Le conseil ici présent examinera vos performances et en jugera votre réelle appartenance à notre clan et nos valeurs guerrières. Votre condition… spéciale ainsi que les voies que vous avez choisies vous prédisposent à combattre ensemble, c’est pourquoi nous vous accordons aujourd’hui la possibilité de le faire, choix que vous avez accepté. Mais l’examen sera donc modifié en conséquences. N’allez pas croire à un traitement de faveur, vous vous rendrez compte par vous-même qu’il n’est pas question de sous-évaluer quiconque. Vous avez le droit d’utiliser votre équipement, ainsi que toute arme trouvée sur un adversaire. Votre victoire sera inconditionnelle, et par conséquent il ne devra y avoir aucun survivant chez l’adversaire. L’échec pour vous signifie la mort.

Puis il leva la main et fit un signe vers l’elfe qui avait accueilli les jumeaux à l’entrée de l’arène. Celui-ci se retira immédiatement vers les sous-sols.

-Allez!
Puis il se rassit.

Les deux jumeaux se mirent en position de combat, Shiroï épées en main, Dhyna quelques mètres derrière lui prête à jouer. Une porte s’ouvrit. Et puis rien. Pas un bruit, même dans la foule. Un cri formidable soudain emplit l’air, unisson d’une douzaine de voix de captifs humains convertis en gladiateurs habillés d’armures, armés de lances et d'épées, assez naïfs pour croire qu’ils leur suffiraient de tuer ces deux enfants afin obtenir la pitié de leurs geôliers et recouvrer la liberté. Ils avaient leur détermination comme étendard et la stupidité qui caractérise leur race en guise de courage.

-Vous m’accorderez bien cette danse, monseigneur?
-Tout ce que vous voudrez, gente demoiselle.

Un sourire illumina Dhyna quand ses doigts touchèrent les cordes de sa lyre. A l’instant même où furent joués les trois premiers accords de la mélodie, les lames de Shiroï se mirent à luire.
Quelques pas en mesure et les adversaires étaient déjà à portée du jeune elfe en pleine exaltation. Tout en suivant le rythme de la musique, il bondissait, frappait, parait, esquivait. A droite, à gauche! Une sorte de ballet macabre venait de commencer, le sang déjà teintait le sol et deux cadavres d’humains gisaient aux pieds de leurs camarades, gorge tranchée.
Shiroï fit un bond en arrière et campa dans une posture ouvertement désinvolte, lames vers le bas et tête levée vers les étoiles.
-Ah, l’odeur du sang dans la fraîcheur de la nuit…
Ses yeux brillèrent un instant d’un éclat bleuté et il éclata d’un rire fou.
Dans les gradins, les huées comme les encouragements commençaient à se faire entendre faisaient entendre. Mais les jumeaux n’y prêtaient pas attention. Ils semblaient comme en transe, animés par leur esprit combatif et la volonté de tuer.

-On change de rythme?
Une nouvelle mélodie retentit, douce, lancinante… du côté des spectateurs on ne ressentait rien, mais dans les rangs de l’ennemi les premiers effets commençaient à se faire sentir : aux yeux de leurs camarades, tous semblaient commencer à se décomposer, la chair fondant sur les os formant un tas immonde avec les organes pourris à l’intérieur des corps malades, pour se transformer en une armée d’immondes zombis purulents.
Les cris d’effroi des captifs humains saisis d’effroi devant l’illusion qui s’offrait à eux amusaient beaucoup Dhyna et le spectacle de ces pauvres créatures s’entretuant pour vaincre un mal inexistant également. Il fallut quatre nouveaux cadavres avant que les survivants ne se rendent compte de la supercherie et se réorganisent.

Dans la tribune du haut conseil, les discussions sur les performances des jumeaux allaient bon train :
-Ces humains sont vraiment faibles…nous aurions du mieux choisir leurs adversaires.
-Pas si faibles que ça, il faut dire que les deux enfants se débrouillent plutôt bien…
-Ca n’est que le début. Le vrai défi n’est pas encore lancé.
-Il serait d’ailleurs peut-être bon de le commencer. L’examen me semble bien trop facile.
-Attendons encore quelques instants, le spectacle vient juste de commencer, voyons. Les petits d’Aya n’ont pas encore eu l’occasion de réellement dévoiler leurs talents.
-Je vous rappelle que nous sommes certes sensés juger les aptitudes au combat mais que la vraie raison de cette épreuve dépasse bien cela. Nos soupçons fondés sur l’Evènement seront certainement confirmés lors de ces combats si nous réussissons à les pousser à bout.
-Aya risque encore une fois de s’opposer à cela.
-Pas d’inquiétude. Mes pressions sur la famille ont portées leurs fruits et elle n’osera pas s’opposer à notre projet tant que le chantage que j’exerce sur elle est maintenu… Il serait dommage que ses enfants apprennent la vérité sur elle et sur eux-mêmes, non ?
-A propos d’Aya, elle ne siège pas avec nous…
-C’est normal, cette épreuve jugeant ses enfants, il est naturel que son positionnement ne soit pas réellement neutre sur la décision finale. Nous avons alors préféré ne pas la convoquer pour cette séance.

Le temps de ces discutions, les jumeaux avaient déjà tué un nouvel adversaire, qui gisait au sol dans un mare de sang, sa lance de combat fichée dans l’aisselle et ressortant par sa nuque, oeuvre de Shiroï pris d’une « inspiration soudaine », comme il aimait à dire chaque fois qu’une nouvelle façon de mettre son adversaire à mort lui venait à l’esprit. Et celle-ci le satisfaisait particulièrement.

-C’est trop facile. Pour qui nous prennent-ils? Ces humains ne valent rien, ils ont du les laisser enfermés trop longtemps. Ils n’ont rien de plus sérieux à proposer ?
Puis il repartit achever son travail, mais sa remarque, faite bien à voix haute, ne fut pas vaine. Du haut de la tribune, le chef du conseil, usant de son ouïe particulièrement développée, même pour un elfe noir (d’ailleurs bien pratique pour déjouer bon nombre de complots fomentés par des conspirateurs se croyant à l’abri de toute indiscrétion), n’en avait pas perdu une miette.
-Bien, si même eux le pensent, il est temps de passer aux choses sérieuses.

Il se leva et se dirigea vers la porte du fond de la tribune et appela un serviteur.
-Va leur dire de mettre la chose en place.
Puis il retourna à sa place, l’air satisfait.
-Bien! Voyons maintenant si vous aller encore trouver cela si facile.
Un sourire mauvais se dessina sur son visage.

En bas, Shiroï lutait férocement contre un des hommes en armure, tandis que sa sœur reprit une nouvelle mélodie d’illusion qui dupliqua Shiroï aux yeux de son adversaire, et l’elfe noir en profita pour se glisser dans son dos pour exploiter une faille de l’armure et sectionner la colonne vertébrale au niveau du bassin d’un coup sec et précis. Mais l’épée qui avait porté le coup resta ensuite fichée dans l’os. Le temps d’essayer de la ressortir et l’un des hommes avait foncé sur Shiroï, prêt à frapper. Il n’eut heureusement jamais le temps de le faire, une dague se planter dans l’un de ses yeux si profondément qu’il marcha encore quelques pas avant de tomber en arrière.

-Alors? Qu’est-ce que je disais tout à l’heure?
-Ca va, je l’avais vu, j’aurais pu m’en occuper.
-Mais bien sûr!
-Bon il serait peut-être temps de finir. Il en reste combien? Trois, non?
-Ben, justement non. Ils sont quatre.
-Quatre? Ils étaient douze au début, et on en a tué neuf. Attends voir. Un…deux, trois,…et quatre. J’ai du en louper un. Pas grave, je m’en remettrai.
-Et je te joue quoi pour le final?
-Un truc rapide, une ballade guerrière par exemple.
-Ok, c’est parti!

Le cœur gonflé par les notes enchanteresses, il se précipita sur le premier adversaire qui tenta de l’arrêter à coup de lances, mais l’elfe fit une simple esquive sur le côté pour bondir et frappa d’un coup de pied bien placé directement dans l’arête du nez, avant de scalper bien proprement le tout au passage. Le temps d'une réception au sol et il se dirigeait vers les trois hommes restant, qui s'étaient regroupés en formation serrée.
-Ils commencent seulement à comprendre...mais trop tard! Pour moi le défi n’est sera que plus pimenté.

Et il ne croyait pas si bien dire. Il s'arrêta à une trentaine de mètres d'eux pour observer et réfléchir. Observer...un détail frappa soudain Shiroï : l'un des guerriers portait un casque. Mais jusque ici aucun d'eux n'en avait... Le visage du combattant était camouflé sous le métal et le cuir.
-Celui-là, il cache quelque chose... L'elfe noir se rabattit vers sa soeur et s'arrêta à côté d'elle.
-Méfie toi du type casqué...

Mais la remarque fut inutile, car elle pu se rendre compte par elle-même de sa bizarrerie dans l’instant. Les deux bras du soi-disant humain s'étendirent sur les côtés et formèrent deux tentacules visqueux qui enserrèrent les survivants restés à ses côtés, qui eurent à peine le temps de crier avant d'être en une bouillie informe de chair, de sang et d'os. L'armure de cuir que la chose portait se craquela avant de céder et laisser la place à une sorte de tas visqueux rosâtre pourvu de longs tentacules, d'une bouche garnie de dents effilées, et d'une paire de petits yeux sombres.

-Mais qu'est-ce que...
-Une Horreur...ils ont lâchés une Horreur...
Dhyna était figée sur place par la peur. Jamais elle n’avait connu cette sensation aussi forte.

[HRP]Et hop, suite et fin du flashback[/HRP]

Les Horreurs étaient extrêmement rares, et le fait d’en en capturer une ou en créer une encore plus. Connues aussi sous le nom de « tiers-démon », elle sont essentiellement constituées d’essence magique et généralement originaires d’un plan chaotique, sauf dans le cas de celles fabriquées « artisanalement »… c'est-à-dire un simple sacrifice de plusieurs centaines d’âmes combinées dans le corps d’une personne pleine de haine et d’envies de destruction. Le chaos résultant du rituel effectué permettait de créer ces choses, faisant fondre la chair (et le os, et les organes…tout en fait) en un amas de boue rosâtre aux capacités spirituelles d’une puissance phénoménale. Mais rassembler tous les éléments à l’accomplissement du rituel s’avérait difficile, et risqué.
Il faudrait en plus un groupe de mages assez puissants (ou assez stupides) rassemble suffisamment d’énergie pour combiner, puis se protéger, voire contrôler, la créature.

Autant dire tout de suite que c’est un projet insensé et quasi-irréalisable. L’invocation de ces créatures est plus simple…enfin façon de parler, car il faut arriver à capter l’essence de la créature, dont la rareté même dans son plan est légendaire. Un mental excessivement déficient est également vivement recommandé dans ce genre de situations.

Mais peu importe le moyen, elle était là. En chair et…en chair. Les esprits des jumeaux étaient en proie au désarroi. Alors ils ont décidé de nous mettre à mort coûte que coûte…
Shiroï regarda en direction de la tribune du conseil, et vers le grand conseiller. Celui-ci arborait une expression satisfaite et parfaitement sereine.
-Voilà la véritable raison pour laquelle maman n’a pu assister à la séance. Elle aurait pu rallier suffisamment de monde à elle pour faire arrêter cette mise en scène.
Les yeux du jeune elfe noir lançaient des éclairs et sa rage envers le conseil rendait ses pupilles intensément bleues de colère.

Les cris du public tirèrent Shiroï de sa contemplation. L’Horreur commençait à bouger. De son côté, Dhyna restait figée par la peur à la contemplation du tas rosâtre qui se mouvait lentement, comme pour observer ses proies, ses petits yeux sombres dans ceux de la jeune elfe.
-Nous allons mourir…
Sa détermination fléchit de nouveau et elle sombra dans le désespoir, à genoux par terre, fixant la créature avec des yeux comme déjà vidés de la vie.
-Ca ne sert à rien de combattre, cette chose nous aura dévoré avant que nous ayons le temps de faire quoi que ce soit…

La baisse de moral de la jeune elfe accablait son jumeau, et son visage se durcit encore.
*S’il nous faut mourir, alors arrangeons nous pour partir dans la splendeur et le panache de notre lignée.*
-Dhyna! Relève toi! Cette chose parasite ton esprit!
Mais elle ne bougeait pas et fixait toujours l’Horreur qui s’avançait doucement vers elle, plus près, de plus en plus près, aspirant toute volonté…

-Dhyna !!!!
Shiroï se précipita vers la créature, épées en main, criant le nom de sa sœur. Un tentacule se dirigea dans la direction de l’elfe noir pour lui barre la route, mais il fit une roulade sur le côté et reprit sa course, avant d’évitant une pluie de tentacules qui tentaient de l’arrêter et de le saisir. Mais Shiroï se démenait comme un beau diable, tranchant tour à tour les appendices visqueux dirigés vers lui. Il n’eut cependant pas le temps d’éviter le plus gros d’entre eux qui vint sur le côté et le frappa dans les côtes avec une force herculéenne, le coupant dans son élan.
Le choc l’envoya dans les airs, le faisant lâcher ses armes, pour atterrir quelques mètres plus loin. Shiroï fut sonné un instant, et tenta de se relever, avant qu’une douleur intense le fasse se recoucher. Il cracha un peu de sang et palpa son côté droit délicatement. Sous ses doigts, il sentait plusieurs côtes cassées.
Pendant ce temps l’Horreur avait continué sa progression et maintenant se trouvait devant Dhyna, qui ne cherchait même pas à se débattre. La créature l’enserra doucement de ses « bras » roses et commença à la soulever. Elle dirigea l’elfe vers sa bouche, tous crocs dehors, doucement, délicatement… avant de ressentir une douleur au niveau de la tête. D’abord sans importance, puis de plus en plus vive. La créature émit un cri horrible quand elle remarqua la lance plantée dans son corps. Mais c’était plus de la fureur que de la douleur, et rien ne s’écoulait de la blessure.

Un peu plus loin, Shiroï, avait réussi à ramper jusqu’à cette lance et surmonter sa douleur pour l’envoyer en direction du monstre afin de détourner son attention. L’Horreur déploya un tentacule pour aller saisir le jeune impudent qui venait de réussir à la toucher (très légèrement seulement, car les organes internes de la créatures sont limités à son estomac –d’une taille assez imposante-, son cerveau –de taille relativement réduite- et quelques uns dont la fonction nous échappe totalement, vous comprendrez donc qu’il soit difficile de les atteindre, qui plus est sous l’épaisse couche de substance –sauf en cas de métamorphose temporaire sous une autre forme, humaine par exemple-).
Le beuglement de la chose avait brisé l’emprise qu’elle avait sur Dhyna et celle-ci se réveilla comme sortie d’une léthargie, avant de se rendre compte de sa bien mauvaise situation. Elle dut se mordre la langue pour éviter de crier, s’empêchant également de pouvoir utiliser ses chants, mais dans la situation actuelle ils s’avèreraient complètement inutiles. Elle vit Shiroï se débattre au sol pour vaincre la prise du tentacule, pour continuer de détourner l’attention de l’Horreur. Les jumeaux croisèrent leurs regards un instant.

-Elle a réussi à briser le sortilège. Mais maintenant nous sommes tous les deux pris… Réfléchis donc un peu, bon sang, il doit y avoir un truc à faire…

Une pensée lui vint. Peut-être que si… Il tenta d’attraper la dague encore cachée dans sa botte, mais l’Horreur, sentant une baisse de résistance, en profita pour le soulever haut dans les airs, la tête en bas.
-Saleté! Vas-y, bouffe moi, pour voir! Tu vas en attraper des maux d’estomac à n’en plus finir!
Contenant sa douleur, il se contorsionna et saisit le pommeau de la dague.
-Dhyna!
Il laissa tomber l’arme vers sa sœur qui la saisit à la volée, et la planta directement dans l’un des yeux du monstre. Un second hurlement déchira l’obscurité, couvrant même les cris d’enthousiasme –ou de dépit- du public. La créature lâcha immédiatement les jumeaux et fit un mouvement vers l’arrière.
De leur côté, les deux elfes noirs examinaient l’étendue des dégâts. Dhyna ne souffrait que de très légères contusions et elle courut immédiatement vers Shiroï, qui, tombé de trois bons mètres, s’était brisé le poignet droit en tentant une réception.

-Ne bouge pas trop, tu es dans un sacré état.
-Aide moi à me lever.
-Tu rigoles?
-Fais ce que je te dis…

Elle le souleva tant bien que mal, mais il tenait à peine sur ses jambes, la douleur de ses côtes le pliait en deux et ça ne s’était pas arrangé de puis la chute. Il lui restait tout de même assez d’énergie pour crier à pleins poumons :
-Allez, saleté, amène-toi! Viens donc me finir! T’as peur, c’est ça?
Puis il murmura en direction de sa sœur :
-Cours ! Dépêches-toi ! Fuis ! Arrange toi pour partir le plus loin possible.
-Mais…
-Ne discute pas!

L’Horreur, qui maintenant ne voyait plus que d’un œil, était furieuse. Sur sa tête forma un amas de chair destiné à venir combler son œil crevé dégoulinant d’un sang noir. Son corps se convulsa et les tentacules prirent des formes aiguës et menaçantes. Elle émit une sorte de bruit étrange, le sol trembla doucement. Shiroï, qui continuait de la provoquer, se prépara au pire.

Le public était en complète effervescence. Tous reprenaient en chœur le nom de la bête, et ils sentaient venir la fin des deux jeunes elfes. Dans le conseil, l’attitude de Shiroï ne leur laissait aucun doute :

-C’est fini! L’Horreur va lui donner le coup de grâce et il semble vouloir le précipiter.
-Au final, ils ne sont pas si exceptionnels que ça. Nous avons dû nous tromper quand à la nature de leurs…facultés.
-Tant pis, au moins nous éliminerons des éléments qui pourraient s’avérer trop incontrôlables et dangereux par la suite.
-C’est vrai que les rapports de leurs instructeurs sont assez explicites sur ce point. Bien qu’ils soient d’excellents élèves, leur attitude très indépendante les amène à franchir certaines limites regrettables.
-Vous voulez parler de la fois où il a noyé trois apprentis guerriers parce qu’ils avaient essayé d’agresser sa sœur ?
-Oui, enfin c’est le motif qu’il a donné. Mais maîtriser trois gaillards pareils à lui seul…
-En fait il leur a tendu une embuscade un peu plus tard dans la journée, et l’un après l’autre les a ligotés et lestés, avant de les jeter dans l’étang de la forêt d’à côté.
-Performance assez admirable. Mais dangereuse pour nous. Il est déjà capable de tuer sans aucun remord et possède une force dépassant largement celle de ses camarades, quoi pourtant ont quelques années de plus. Et sa sœur n’est pas en reste.
-Mais de toute façon ils ne font pas le poids contre ça.
-C’était prévu. Le seul moyen qu’ils ont de s’en sortir serait de manifester les pouvoirs qu’on leur prête. Mais jusque ici, nous ne voyons rien.

La remarque volontairement sarcastique à l’attention du chef du conseil ne le fit pas ciller.
-Si ils contenaient vraiment ce que vous savez… il finirait par se montrer et ne les laisserait pas mourir de la sorte, car cela signifierait également sa perte.

Le chef du conseil se leva.
-Si nous avions vraiment échoué ou réussi, ces enfants seraient morts. Les sacrifices ne sont pas sensés survivre, même en cas d’échec. Cette marque qu’ils portent au visage nous le rappelle chaque jour.

Tout en parlant il effectuait quelques gestes des mains.
-Mais que faites vous, grand conseiller ?
-Je libère l’Horreur de mon emprise. Elle pourra alors déployer son véritable potentiel.
-Vous ne croyez pas que cela risque d’être dangereux?
-Aucune importance. Laissons une dernière chance à leur pouvoir de se manifester. Sinon ils mourront. Je m’occuperai ensuite de l’Horreur.

La bête émis un bruit léger et la terre trembla, de plus en plus fort, avant de s’arrêter. Puis elle se rua avec force vitesse vers les jumeaux.
-Fuis, Dhyna ! Dépêche-toi!!
-Jamais, tu m’entends?
-Elle arrive! Allez, fais ce que je te dis!

Mais trop tard. L’Horreur était déjà devant eux, furieuse, en pleine possession de ses moyens, la rupture de contrôle l’ayant fait tripler de volume. Et la voilà maintenant qui saisissait les jumeaux de ses gros tentacules visqueux rosâtres, pour les diriger violement vers sa bouche et jeter dedans sans ménagement ses deux proies.

-Dhyna!!
Il réussit à attraper la main de sa sœur en vol, et il la serra fort dans la sienne. Ils se regardèrent un instant. Un désir de vivre toujours plus fort les animait, même en approchant les crocs de la créature. Tellement fort…
Un instant passa, et l’on cru voir une lumière briller. Les crocs de la créature se refermèrent rapidement sur eux…et on les vit se briser à l’impact, à quelques centimètres des deux elfes noirs. Une sorte de barrière s’était formée, translucide mais parcourue de reflets bleus. On ne put que l’apercevoir qu’une courte seconde, le temps du choc, avant que l’Horreur ne déglutisse, encore plus furieuse, faisant disparaître les jumeaux de la vue de tous.

Dans la tribune, on s’interrogeait sur l’apparition qui venait d’avoir lieu.
-Vous avez vu ça? Brisés nets. Impossibles qu’ils se referment sur ces deux enfants.
-Ca a été très rapide mais j’ai cru voir la formation d’une barrière de protection…
-C’est ridicule, ils ne suivent pas la formation adéquate pour invoquer ce genre de magie.
-Et si nos soupçons étaient finalement fondés ?
-Nous ne le saurons jamais. Les sucs gastriques de la créature les auront digérés sans que nous ayons vérifié cela.
-Attendez…

L’Horreur était maintenant prise de violentes convulsions. De nouveau son cri retentit, tandis que son abdomen (en tous cas ce qui faisait office de) augmentait en volume.
-Mais qu’est-ce qui lui prend? On dirait qu’elle enfle de l’intérieur…
Et il ne croyait pas si bien dire. Le corps du monstre se dilatait de plus en plus.
-Si ça continue elle va exploser!

Et c’est ce qu’elle fit. La substance sembla arriver à son point de tension maximale, quand soudain elle se dispersa dans une détonation assourdissante. Des morceaux de chair se retrouvèrent dans les gradins, aspergeant le public, et couvrant les conseillers de morceaux de boyaux. Au centre de l’arène, les jumeaux se tenaient debout, entourés par une barrière de protection bleutée gigantesque. Les sucs gastriques de l’Horreur entamaient le sol autour d’elle mais ne semblait pas l’avoir ne serait-ce qu’éraflée. Puis elle se désagrégea en même temps que les deux enfants s’évanouissaient à cause de la dépense d’énergie.

Un instant ce fut le silence. Puis ce fut comme si le public lui aussi explosait, partagé encore et toujours entre huées et acclamations.
Dans le conseil, on s’affairait déjà à la clôture de l’épreuve.
-Dépêchez-vous! Envoyez les jumeaux aux apothicaires. Et nettoyez moi tout ça!!
-Finalement il va falloir surveiller ces deux jeunes d’encore plus près… leur potentiel grandissant pourrait être un facteur décisif, comme il peut se retourner contre nous.
-Mais nos soupçons sont vérifiés. N’était-ce pas là le but de tout ceci?
-Il faudra encore prouver ce que nous avançons.
-Peut-être sont-ils simplement bénis par Llolth. Elle nous accorde parfois de grands pouvoirs…qui plus est celui-ci ne porte aucun signe qui nous permet de l’identifier clairement comme issus de leur…potentiel.
-Nous verrons cela en temps et en heure. Pensez tout de même à les faire placer sous surveillance et prévenez nous au moindre phénomène du genre.
-Cela sera fait.

Puis tous les membres du conseil se dirigèrent vers la sortie. Seul le grand conseiller demeura encore quelques instants assis.
-Oui, il faudra les surveiller de très, très près… mes beaux sacrifices…

Le groupe avançait lentement, mais régulièrement, chacun plogé dans ses pensées... Tandis que les jumeaux revivaient certains instants passés, d'autres étaient dans le présent, ou encore l'avenir... Le nain se demandait toujours comment vaincre l'abomination qui le poursuivait, et apparemment se méprenait sur ses intentions... Le barde quand à lui toujours aveugle cherchait désespéremment un moyen de retrouver des yeux... Mais sans succès...
Les pensées de l'elfe ailée, elles, étaient dirigées dans toutes les directions temporelles à la fois... Elle revoyait les instants magiques vécus avec son compagnon, mêmés aux scènes de carnage et de violence perpétrées avec ses pairs, ou plus récemment en compagnie d'Aerdrië... La vision de cette dernière la troublait toujours, et elle s'interrogeait de la façon dont elle allait pouvoir gérer cette situation confictuelle et devenue trop instable et dangereuse... Puis elle revenait sur son aimé, qu'elle espérait toujours retrouver, mais de quel oeil verrait-il l'affection, non, l'amour que lui portait à présent l'avarielle ?
La vision si claire de l'avenir, confiante en lui et en sa propre personne s'estompait... Sa perception était brouillée, et elle ne parvenait pas à trouver une solution pour se sortir de l'impasse émotionelle dans laquelle l'Enfant de l'Ombre l'avait plongée...

Mais bientôt, elle n'eut plus eu besoin de penser à ces problèmes, car le vert sombre de la forêt se profilait à présent nettement, et les évenements qui allaient survenir dans son futur immédiat éclipsèrent tout le reste... Et elle ne savait même pas si sa compagne l'avait suivie...

Ils arrivèrent donc à l'orée d'une forêt relativement vaste, semblait-il... Mais Liriae, du ciel, pouvait mieux en juger... Il s'agissait en réalité plus d'un grand bois que d'une forêt à part entière... Elle repéra en ce lieu bien dégagé mais à proximité des arbres un endroit stratégique, idéal pour ce qui se tramait... Elle fit un rapide signe au groupe à terre pour leur faire comprendre que c'était l'endroit qu'elle avait choisi pour s'arrêter... Voyant qu'ils ne réagissaient pas - ils ne l'avaient soit pas vue, ce qui, pour le barde était évident, soit pas comprise - elle descendit donc pour leur faire passer le message aux gens qui l'avaient suivie à terre...

L'endroit était désert, et pourvu de rochers aux arêtes aigües, ce qui gênerait l'avancée des adversaires de l'elfe...La forêt toute proche assurerait une protection aux personnes qui avaient accompagné Liriae, et qui ne participeraient pas au combat... Liriae avait bien l'intention d'être la seule dans la plaine, seulement accompagnée d'Idri qui ferait le guet pour elle...
Mais pour le moment, le danger n'était pas imminent... Elle ne ressentait que peu l'approche des mages... Elle qui distinguait si aisément les auras, ne pouvait pas manquer de détecter leur présence, même à une grande distance... Elle saurait lorsque ses ennemis seraient plus près d'elle...

Ses compagnons se dirigèrent après elle au couvert du bois. Elle n'avait prononcé mot ni signaler aucun danger, il savaient donc qu'ils pouvaient pour l'instant se reposer en toute tranquillité... Ils commencèrent donc à s'installer dans une petite clairière, proche de l'endroit désigné par Liriae, et étant non loin de le lisière de la forêt... Certains partirent un peu plus loin chercher des branches mortes, tandis que d'autres rassemblaient des pierres afin de créer un foyer... Un feu n'était en effet pas de trop, car le nuit commencait à tomber, et, avec elle, la fraîcheur du soir...

L'elfe ailée pendant ce temps, profita de ce répit pour aller chasser... Non pas pour elle, cette fois-ci, mais pour sa chouette, qui devait avoir faim... Son dernier vrai repas datait de ce licanthrope trop coriace pour son bec et ses serres... Et à présent, la pauvre était encore trop faible pour aller chercher elle même sa nourriture...
C'était une nouvelle expérience pour l'elfe... Elle chassait depuis peu, mais n'avait jamais rechercher un animal en tant que proie... Elle dénicha un terrier de lièvre, contenant deux de ces petits mammifères, accompagnés de toute une portée... Elle se disait que ce serait certaienement suffisant pour l'appétit d'Idri... Mais n'en était pas si sûre... Après tout, elle avait bien attaqué un loup... Ayant assommé les animaux, elle les rappporta au campement improvisé par ses compagnons de route...
Elle se dirigea vers Turielo et la petite elfine, dans les bras de laquelle somnolait la chouette. Sentant sa maitresse approcher, celle-ci sortit de sa torpeur et battit légèrement des ailes... Elle avait également senti les lapins...

- On dirait qu'elle a faim, non ?
- Oui, c'est bien pour cela que je lui rapporte à manger...

Elle s'adressa ensuite à la jeune elfe.

- Pose la à terre, veux-tu ? Elle saura se débrouiller toute seule...

Le visage de Fanriël sur lequel se reflétait la lumière des flammes naissantes exprimait une assez vice déception... Elle avait commencé à s'attacher à l'oiseau... Turielo s'accroupit devant la petite elfe qui elle était assise non loin du foyer, et murmura quelque chose à son oreille. Liriae n'entendit pas ce qu'il lui disait, mais pouvait le deviner...

- Tu sais bien que c'est la sienne... Et elle s'est montrée assez gentille avec toi jusqu'ici... Ce serait dommage de gâcher ça... Et Idri doit avoir très faim... Que dirais-tu si on te mettait un bol de soupe devant toi en t'empêchant de t'en approcher ?
- Je n'aime pas la soupe !

Fanriël, elle, n'avait pas chuchoté... Ce qui signifiait que Liriae avait sûrement touché de près les paroles que Turielo avait prononcées... Mais il continua...

- Dans ce cas, tu prives cette pauvre Idri d'un bol de bonbons... Tu n'aimerais pas que l'on te tente et que l'on t'interdise en réalité d'en manger ?
- Non...
- Alors lâche cette gentille chouette, qu'elle puisse se nourrir...

Le discours de Turielo semblait l'avoir convaincue, car elle posa délicatement, avec même un excès de prudence la chouette au sol, tout près d'elle, au cas où elle aurait envie de revenir dans ses bras...
Mais la chouette hésitante fit quelques pas avant de battre des ailes afin de rejoindre sa maitresse...

- Tsss Tsss... Reste au sol ma chérie... Je ne veux pas que tu te fasses encore mal... Je veux t'avoir à mes côtés tout à l'heure, et en pleine forme ! Allez, mange...

L'elfe posa alors les deux lapins et les petits lapereaux à côté de son familier... Voyant qu'Idri allait attaquer un des petits, Fanriël s'élança.

- Non !

Elle prit le lapereau dans ses mains, et le berça, faisant mine de le protéger...

- Elle ne peut pas le manger !
- Tu sais, Fanriël... C'est ce que mange une chouette, en général...
- Je ne veux pas !

Devant l'air farouche de la petite elfe, Liriae parla simplement...

- Bien... Dans ce cas, garde celui que tu as dans les mains... Il est tout juste sevré, mais tu devrais réussir à t'en occuper... Par contre, ne retire pas les autres de la bouche de ma chouette, elle n'apprécierait pas car elle a faim...
- D'accord...

Elle regarda donc en silence Idri manger, faisant une mine dégoûtée lorsque la chouette déchira les chairs entre son bec et ses serres et parut horrifiée lorqu'elle infligea le même sort aux lapereaux... Mais l'elfe ailée l'avait prévenue, elle n'intervint donc pas...
Rassasiée, Idri semblait avoir repris des forces, et parraissait capable de voler de nouveau... Son bec la faisait encore visiblement souffrir, mais elle était déjà bien mmoins étourdie par sa blessure et pourrait donc de nouveau diriger son vol... Elle donnait l'impression d'être vraiment heureuse, et cela pouvait se comprendre : elle allait pouvoir rester de nouveau avec sa maîtresse... "Finalement, elle ne devait pas avoir tant faim que ça, elle n'a plus faim après ces lapins, et en a même laissé un morceau..."
Voyant que le reste du repas de le chouette répugnait la petite elfe, mais pas elle seulement, Liriae prit le morceau de viande pour le lancer au coeur des bois... Un charognard passerait bien par là... Elle s'adressa alors aux autres membres du groupe qui l'avait accompagnée...

- Vous avez encore du temps... Profitez de ce répit pour manger et vous reposer... Quant à moi...

Elle repéra un chêne massif aux abords de la clairière, et s'avisa que ce serait un bon perchoir... Idri comprit son intention, et se percha sur une haute branche... En quelques coups d'ailes, Liriae la rejoignit sur une branche légèrement inférieure mais bien plus épaisse, et solide... Ainsi chacune des deux pouvait à sa guise observer le campement... Liriae était trop loin pour entendre les converastions, mais peu importait... Au pire, en cas de besoin, Idri lui servirait de relais... L'ouïe des oiseaux est excellente, en particulier celle des prédateurs...
De là où elle était, Liriae pouvait apercevoir l'agitation qui régnait dans la camp : beaucoup préparaient un endroit où se reposait, amis certains étaient partis chasser... Ils ne tardèrent pas à revenir, transportant une petite biche, ce qui serait largement suffisant pour nourrir toute la compagnie... Tandis que le barbare s'efforçait de le dépecer proprement, ce qui n'était pas vraiment facile, on s'activait autour du feu pour que le foyer soit adapté pour cuire la viande... Turielo les regardait faire, donnant un coup de main ça et là, mais n'ayant pas trop de force physique, il ne pouvait prétendre vraiment les aider... Il surveillait également sa protégée d'un oeil... Mais elle se montrait particulièrement raisonnable : elle restait assise à cajoler son petit lapin...

Liriae se réjouissait de cette agitation... C'était plutôt bon signe sur le moral de la "troupe"... Elle ne connaissait pas leur état d'esprit, mais, au final elle s'en fichait... Ca n'avait pas réellement d'importance... Ils ne devaient pas participer à l'affrontement...
Mais un détail assombrissait le tableau... Il manquait quelque chose dans le paysage... Elle eut le réflexe de regarder un arbre voisin, et une image s'imposa à son esprit... Una avarielle aux ailes noires, assise comme elle sur une branche épaisse... Accompagnée d'une petite fée bavarde... Aerdrië... L'avait-elle suivie ? Elle ne pouvait le savoir... L'illusion s'effaça...

Elle tourna de nouveau le regard vers ses compagnons de route... La joyeuse agitation commençait à se calmer... Au bout d'un moment, Liriae commença à somnoler... Si quelqu'un en avait besoin, il pourrait toujours l'aborder et lui parler... Mais bientôt un froissement d'ailes la retira de sa torpeur... La chouette s'était envolée en direction de la cime des arbres. Liriae comprit qu'elle jugeait plus judicieux de se poster plus en hauteur... "Eh bien, ma belle ? Tu vas surveiller l'horizon à ma place ? Dans ce cas, je compte sur toi..." Idri hulula pour marquer son consentement...
Satisfaite, elle s'installa contre le tronc... Son sommeil risquait de ne pas être long, mais ce serait toujours ça de pris... Elle ne prit donc pas la peine de replier ses ailes sur elle. Mais ainsi, sa position devenait inconfortable... Elle les déplia donc légèrement, de sorte d'avoir le dos complètement calé contre l'arbre... Elles étaient donc étendues de chaque côté d'elle. Contentée par ce confort relatif, Liriae sonda une dernière fois son esprit... Elle avait encore un peu de temps avant l'arrivée des mages... Restant en alerte, elle ferma les yeux, et sombra finalement dans le sommeil...

Le nain était perdu dans ses pensées : que lui arrivait-il donc ?
De sa mine, il avait été transportée dans cette région hostile, sans même savoir comment ni pourquoi, aprés une soirée arrosée à la taverne : puis il avait rencontré ce groupe d'aventuriers qui le traitaient comme quantité négligeable, ce qu'il était pour le moment, il ne faut pas se voiler la face !
Et puis finalement ce monstre qui cherche à le tuer...
Et il n'avait pas encore parlé au groupe de l'archer qui l'a sauvé...Peut-être était-il lui aussi une menace ?
Il repensa aux paroles du Monstre : il a parlé de Mephistophélés. Glardaï savait que c'était un démon, mais il n'en savait pas plus...
Il décida d'aller poser cette question au barde aveugle, qui semblait le plus à même de répondre à ses questions...

Euh Astril...tu saurais pas qui c'est ce Méphistotruc...parce que bon je sais que c'est un démon tu vois, mais à part ça euh...

Ah ouais...mais que je sois cet Elu ou pas, je suis dans le même pétrin, puisqu'il semble croire que je le suis...
Mais je ne vois pas qu'est-ce qui pourrait lui faire croire ça...je ne suis qu'un simple nain, je ne suis même pas doué pour le combat, et je n'avais jamais quitté ma montagne jusqu'à il y a quelque jours...
Je ne comprends rien à cette histoire...

Après avoir été chercher du bois pour le feu Turielo s'installa avec Fanriël. Elle s'était instalée dans les bras de l'elfe et cajolait son laperau.

-"Tu as une idée de nom pour lui ?"

-"Je ne sais pas trop, peut être Turielo, il à les même yeux que toi."

-"Comment ça ?"

Il fit un mine étonnée et amusée tout en chatouillant la petite.

-"Je pencherai pour noisette comme ça couleur."

-"Oui pourquoi pas."

Le feu crépitait et envelopait les deux êtres d'une douce chaleur.

-"Au fait je ne sais pas grand chose de toi, d'ou viens tu ? Tu dois avoir une famille d'ou tu viens ?"

L'apprentit, laissa passer quelques secondes de silence.

-"A la suite d'un... problemes assez importants, j'ai dut quitté mon village"

-"De problèmes ?" Demanda t'elle.

Il regarda l'elfine avec tendresse et tristesse lui passant une mains dans les cheveux.

-"Je n'ai pas eu de fammille, je vivais avec quelqu'un qui comptait beaucoup pour moi et j'ai fais des choses dont je ne suis pas très fièr. Je te raconterai ça un jour, quand je pourrais regarder mon passé en face"

-"Un vieil ami de mon village me disait, que le passé te rattrape uniquement quand tu essayes de le fuir, mais si tu le regardes en face, il ne sera q'un simple souvenir."

-"De sages paroles..."

Fanriël bailla et s'emitoufla dans une couverture, couchée dans les bras de Turielo elle s'endormit très rapidement. L'elfe lui même adossé à une souche observait la petite elfe dormir en toute quiétude dans ses bras. Quelques vieux souvenirs lui revinrent, sentant une boule dans sa gorge il les chassa. Il commençait à sentir la fatigue peser sur ses yeux. Après une lente fermeture il sombra dans l'inconscient.

____________________________________________________________________________________

Il entendit un coq chanté, l'elfe ouvrit les yeux sur un plafond en bois, il chercha du regard Fanriël alarmé, il trouva près de lui dans le même lit une jeune elfine mais contrairement à Fanriël qui avait les cheveux chatain, celle-çi était blonde

-"Lyana, c'est bien toi ? ?"

La nomée Lyana ne réagit pas à la voix de Turielo, elle se leva doucement en se frottant les yeux, puis elle alla dans la pièce à côté

-"Turielo lève toi ! Tu vas être en retard"

Il voulu alors se lever mais un corps le traversa comme sortit de lui même comme un fantôme qui était allongé au même endroit que lui. Cette personne avait l'apparence d'un elfe blond, et sa façon de se recoiffé rapidement au bord du lit lui était familière. L'inconnu se leva et s'habilla prestement, quand ce dernier tourna sur la gauche pour regarder par la fenêtre. Turielo pu voir son profil, il en resta bouche bée

-"Mais...Mais."

C'était lui ! Quelque année plus jeune mais lui tout de même !
Son double sortit de la pièce en refermant la porte, Turielo voulu le suivre, et tenta d'attrapper la poignée. En vain, sa mains passait au traver. Il prit une inspiration et passa au travers de la porte. Il déboucha dans une petite salle à manger, où son double mangeait du pains et buvait de l'eau, pendant que Lyana préparait son propre déjeuné.
Il sonda rapidement la pièce, tout lui était familier. Il finit par comprendre que c'était chez lui.
Puis son ancien lui enfila une côte de maille avec des manches, il se palpa le torse, il portait la même.
Turielo alla près de Lyana et lui passa sa mains devant ses yeux ouvert, mais aucune réaction ne suivit, elle s'occupait toujour comme si il n'était pas vraiment là.

-"Je vais travailler Lyana, tu sera sage ?"

L'elfine passa au travers de Turielo pour donné la bise à son ancien lui. C'était à n'y rien comprendre, mais où était-il ?
Son double sortit et Turielo décida de le suivre, la rue qu'il emprunta, il la reconnu, connaissant son village par coeur, il comprit où il était. Sans rien dire il se suivit le long de la ruelle. Celle-ci était assez fréquentée, il regardait les gens aller en tout sens, il en reconnaissait certain, surtout ceux qui saluaient son double.

Au fur et à mesure que la journée avançait une angoisse naissait en lui, il n'arrivait plus à mettre le doigts sur ce que c'était. Toute l'après midi, il regarda son jeune lui prendre son tour de garde. Il ne savait toujours pas où il était vraiment, dans son ancien village certe, mais réelement ?
En plein dans ses réflexions il ne se rendit pas compte que la nuit était tombée.

-*Mais enfin où suis-je ? Dans un rêve, dans un autre plan ? La nuit ne tombe pas comme ça...* Pensa t-il

Imperturbable, l'ancien Turielo sondait l'océan, en haut de sa tour de guet.
Une nappe de brouillard vint tout droit de la mère, lentement, insidieusement, le double de Turielo regarda fixement un point vers la mère et semblait térrorisé. L'elfe se demanda pourquoi, il prenait cette tête là et regarda dans la même direction. Le même rictus de peur s'afficha sur son visage. Il comprit enfin ce que représentait cette journée, c'était la dernière de son village.

L'ancien Turielo prit ses jambes à son cou, descendant, les escaliers de la tour de guet 4 à 4, l'apprentit eu juste le temps de le suivre à vive allure. Au plus profond de lui il criait à son double de sonner l'alerte, mais il savait qu'il n'en ferai rien, ou plutôt qu'il n'eu rien fait. Un demi millier d'elfes allaient mourir, par sa faute. Les sosies se dirigèrent droit vers leur maison, entra en trombe dans la maison disant à Lyana de faire ses valises et d'emener le minimum nécéssaire.
Des cris rententirent déja du coté du port et approchaient rapidement de leur maison. Jugeant qu'ils n'avaient plus le temps le frère et la soeur sortirent de leur maisons. Turielo les suivait toujour, en leur criant de ne pas aller par là, en pure perte.
Alors qu'ils empruntaient la voie principale, Lyana trébucha. L'ancien Turielo voulu la relever, mais il n'y parvint pas, il sentit un liquide chaud s'écouler dans son dos, il palpa, et sentit un trait, fiché dans la colonne vertébrale de l'infortunée. L'ancien Turielo hurla à la mort, l'apprentit tomba à genoux, prenant ça tête entre ses mains

-"Assez....assez.... ASSEZ !!!"

L'ancien lui, regarda au fond de la rue et aperçu, une forme zvelte, habillée de noire, et sa tête garnie de cheveuc blanc, un elfe noire !
Turielo se souvint très nettement des sentiments qui luttaient en lui ce jour là. La peur et la haine, mais quand il entendit le drow appeller des renforts, la peur écarta la haine et il s'enfuit dans la nuit, laissant le corp de l'elfine allongée dans la rue.

Tout devint noir puis il s'assit en sursaut, tout transpirant sa respriation et son coeur avaient atteint une vitesse record. Peu à peu il reprit ses esprits, voyant un feu devant lui, et Fanriël entre ses bras, il sut qu'il était retourné dans la réalité.

Mais pourquoi ce rêve ? Il n'avait plus fait ce songe depuis des années, alors pourquoi maintenant ? Serait-ce, l'approche des sorciers elfe noires qui l'angoissait ? Non, il ne devait pas faire la même erreur, Liriae et Fanriël comptaient sur lui, il défendra ceux à qui il tient quitte à y laisser la vie, c'était son seul but sans lui son existence n'est qu'errance. Il cherchait l'absolution en donnant un nouveau sens à celle-ci.

Elle parcourait la forêt qui menait à son village... Malgré sa blessure béante, elle courait... Elle avait souffert bien plus que physiquement, mais la douleur ne l’arrêterait pas... Elle allait revoir sa famille, son frère, son amour... Ils lui avaient manqué... La dernière fois qu’elle les avait revus datait de bien longtemps... Une pointe d’inquiétude l’assaillit... Avaient-ils continué à penser à elle, pendant tout ce temps, voudraient-ils de nouveau d’elle, l’aimaient-ils encore après ce qu’elle avait provoqué ?
Mais avant d’atteindre le village, une affreuse odeur de chairs brûlées assaillit ses narines... Avant de le voir, elle sut... C’était fini... Mais elle continua, résolue. Et elle atteint la bordure de la forêt...

- Nooooon !

Son cri de désespoir empli l’air ambiant. Les maisons déjà en cendres, les cadavres des elfes noirs envahissaient les rues... Ils n’étaient pas morts de l’incendie, loin de là... Egorgés, éventrés, torturés alors qu’ils tentaient de protéger ce qu’ils aimaient des horreurs qui avaient surgi... Tous arme à la main... Morts...
Elle ne détailla pas les corps et s’approcha de la demeure qui avait été la sienne, regardant avec tristesse les corps de ceux qui avaient été les seuls à l’aimer... Non pas les seuls... Car si les cadavres du couple gisait là, baignant dans le sang qui s’était vidé par de multiples coupures, provoquées à coup sûr par les armes tranchantes des guerriers de l’Ombreterre, rien n’indiquait que son frère ait été tué. Il était absent de cette scène, dont l’horreur absolue emplissait le cœur l’elfe comme une vague de solitude... Les deux elfes noirs étaient allongés, l’un à côté de l’autre, lacérés, égorgés d’une manière particulière, tels des esclaves, des traîtres... Mais ils étaient restés unis comme ils l’avaient toujours été, même en cette nuit où le mâle avait enfreint les règles... Reniant sa qualité de prêtresse, par amour ou par désespoir, son épouse l’avait suivi, jusqu’au bout... Et à présent cette trahison avait coûté la vie de tout un village... Ses parents étaient morts, mais son frère ? Où était-il ?
Une lueur d’espoir envahit son cœur... Il lui restait peut-être encore une chance de voir quelqu’un vivant ! Et son aimé ? Ils étaient assez souvent inséparables... Elle trouva sa maison brûlée, comme toutes les autres, mais aucune trace de lui...
Vivants ! Ils étaient vivants ! Même devant ce spectacle désolant, elle réussit à sourire...

Mais des yeux rouges la fixaient... Ils sortirent de l’ombre. Elle sentit alors leur aura plus malfaisante que ce qu’elle n’avait jamais rencontré jusque là, et un potentiel destructeur inégalé... C’étaient eux... Elle se tourna vers eux, et ne put retenir un cri.

- Toi ?
- Oui, moi... Que croyais-tu ?
- Comment as-tu pu ? C’était ta famille aussi !
- Pfff... Tu ignores donc tout de ce que nous sommes ?
- Malheureusement non...

Elle fixa de ses yeux empourprés la créature qui avait juré sa mort... Et il n’était pas seul... Une quinzaine de la même race, machines à tuer sanglantes et sans pitié... Elle n’avait pas détaillé leur visage... Jusqu’à ce moment là...

- Ky... Kylian ?

Non, ce n’était pas possible, pas lui... Comment avait-il... ?

- Kylian ? C’est toi ?
- Qui est ce Kylian dont tu parles... Si c’est ce que je crois, il n’existe plus depuis longtemps... Tu l’as abandonné…
- Non...
- Petite sœur, c’est pour toi que j’ai fait ça... Va-t-en !
- Non...
- Tu ferais mieux de l’écouter...
- Non… Non ! Comment peux tu... ? Tu es lui et en même temps...
... Et lui... ?
- Il est en vie... Quelque part...
- Alors... ?
- Lune ! Va-t-en !
- Non, pas toi...

Malgré tout, elle courut... S’enfuyant loin de lui, loin de ces abominations… Elle n’en avait jamais eu peur, mais ils représentaient tout ce qu’elle détestait... Pourquoi ne l’avaient-ils pas tuée sur le champ ?
Ils la poursuivaient... Mais elle avait pour avantage d’être légère, contrairement à eux... Mais sa profonde blessure la ralentissait et elle avait peur d’être rattrapée... En revanche, elle avait toujours été plus rapide que ceux de son village... Mais son village... n’existait plus...
Elle courut, courut, loin, jusqu’à en perdre haleine... Et lorsqu’elle s’arrêta, sans même vérifier si ses poursuivants étaient toujours à ses trousses, elle tomba, de lassitude, d’épuisement et de désespoir... Il lui restait juste assez de souffle pour exprimer ce qui marquait son cœur...

- NOOOOOOOOON !!!


Le groupe, qui discutait tranquillement autour du feu, entendit ce cri. Spontanément, tous se tournèrent vers son origine. Liriae venait de se réveiller, en sursaut. Déstabilisée, elle tomba à la renverse, mais par réflexe étendit ses ailes et atterrit en douceur sur le sol... Elle ne put donner l’explication que les personnes présentes attendaient... Au lieu de les regarder posément comme elle l’aurait fait en temps normal, elle baissa la tête et se détourna.
Ses yeux étaient rouges… Mais pas du rouge de la colère qu’elle affichait parfois... Des larmes coulèrent au sol... Sa vie... Partie en fumée. Ses parents... Tués... Kylian... Pire que mort... Mais il avait à présent rejoint tous les autres... Pourquoi ? A cause d’elle... Et lui... Lui... Le reverrait-elle jamais ? Elle pleurait. Et personne ne devait s’en rendre compte…
La chouette était descendue de l’arbre, et voletait devant l’elfe, essayant de la consoler... Mais le groupe ne comprenait pas ce qui se passait... Qu’arrivait-il ? Toujours dos au groupe, l’elfe ailée leur parla simplement...

- Préparez vous...

Mais les mages, même si leur proximité était évidente, étaient encore trop éloignés pour représenter un danger... Que signifiait cet avertissement ?
La voix de l’elfe se voulait ferme, mais son intonation trahissait un malaise... Et ce n’était pas son habitude...

Ces rêves la hanteraient jusqu’à la fin de ses jours, elle le savait pertinemment... Mais elle savait aussi que la proximité des mages n’était pas étrangère à leur force et leur réalisme... Et celui-ci n’était pas, et ne serait pas le seul... Et même, parfois, son imagination lui jouait des tours, la mêlant à ses vrais souvenirs... C’est ainsi que... L’elfe chassa ces pensées... Elle ne pourraient l’aider dans sa situation, et lui seraient bien plus néfastes que bénéfiques dans de telles circonstances... Liriae s’était donc reprise, et commençait à réfléchir... Y avait-il quelqu’un qui puisse retrouver un assassin ? C’était possible... Mais qui voudrait l’aider ? Elle eut soudain une idée... Le rôdeur... Si elle le sortait de sa statue, même s’il ne lui en était pas reconnaissant, il lui en serait au moins redevable... Et des yeux d’azur la fixaient dans l’ombre... La présence du tigre confirma son intention... Oui, elle allait le faire...
Elle tendit le bras en direction de la chouette, et vit par ses yeux que plus aucune trace de sa tristesse n’était à présent visible. Quand Idri fut posé, Liriae se tourna vers le groupe. Elle se dirigea vers la petite elfe.

- Voudrais-tu bien me rendre mon sac, à présent ?

Fanriël lui alla chercher le sac, et, le tenant par la bandoulière, visiblement assez lourd pour ses petits bras, surtout porté ainsi, et le tendit docilement à l’elfe ailée. Puis, elle se détourna de cette dernière, elle ne l’intimidait apparemment plus autant, et continua à s’occuper du petit lapin...

Liriae partit donc dans le forêt, son sac à la main, suivie dans les airs par Idri, et bientôt rejointe dans la pénombre par Auluril, ce tigre blanc qui n’avait jamais désespéré de voir l’elfe noire accéder à son désir... Il l’avait suivie, toujours à l’affût, attendant dans les ombres chéries par son maître, le moment propice tant attendu... Et il était enfin là... Elle avait accepté sa requête, et ferait le nécessaire pour que le tigre retrouve celui qui lui était cher...
L’elfe flatta la tête du félin, et il ronronna doucement afin de montrer sa reconnaissance...

- Je suis sûre qu’avec ton soutien, je pourrais le ramener...

Elle tourna les yeux vers le tigre, et celui-ci lui retourna son regard... Liriae aurait juré qu’il avait acquiescé, et que, à présent, il souriait... "C’est quand même étrange qu’il m’ait ainsi accepté... Mais je suppose que c’est par simple intérêt... Comme il est vrai que ce n’est pas pour lui que je veux tenter de faire revenir Xen... Il veut retrouver son maître, et, celui-ci à son côté, il ne sera plus aussi complice..." Idri voletait au-dessus du tigre, et, comprenant la réflexion de sa maîtresse, et anticipant une demande de sa part, continua son vol, se rapprochant de plus en plus du tigre. Celui ci ne bronchait pas. Alors, Idri se posa sur le dos de celui-ci, près du cou, entre ses épaule ondulantes... L’animal grogna doucement, et la chouette fit plus attention à la manière de poser ses pattes, évitant ainsi de griffer le tigre avec ses serres... Et ce dernier n'émit plus aucun son... "Etrange... Il la tolère... Qu’est ce que ça peut vouloir dire ?" Liriae était pratiquement certaine de sa conclusion, mais comment savoir ? Elle garderait peut-être un lien particulier avec l’animal, mais cela était peu probable...