[RP] Sur les routes des terres acides

Voyant que du côté des créatures ailées la situation n'avait pas l'air de beaucoup évoluer, Shiroï se replongea dans ses pensées. Assis dans l'herbe à côté de sa jumelle, il repensait aux évènements précédant leur arrivée ici, éclipsés par les évènements récents.
Puis il se souvint. Le pendentif!! Profitant que personne ne semblait leur prêter attention, il entraîna sa soeur à l'écart des autres. Il la fit s'asseoir au pied d'un arbre, de façon à pouvoir dissimuler ce qu'ils faisaient.

Shiroï, je ne peux pas me reposer deux minutes...
Passe moi ton sac. Il semblait être dans un état de fébrilité intense
Bon... tiens... Mais qu'est-ce que tu veux en faire?
Chut!! moins fort! tu verras...

Il avait maintenant le sac de sa soeur en main et l'ouvrit, pour y plonger sa main et en ressortir après quelques courtes secondes le coffret décoré qu'il avait volé dans la tour.

Oh...
Et encore, regarde ça...

Shiroï ouvrit doucement le coffret. Son intérieur était tapissé de velours vermeil et au centre était déposé un pendentif. Le pendentif.
Un cristal hexagonal de couleur bleu nuit d'environ 5 centimètres de long et d'un demi centimètre d'épaisseur, décoré de superbes éclairs en argent sur ses faces qui se rejoignaient au sommet pour former un petit anneau, dans lequel était glissé une fine chaîne faite elle aussi d'argent.

Pas de doute, c'est l'un des Objets! Dhyna semblait maintenant en pleine forme, son coeur battait excessivement fort à la vue du pendentif. Elle avait une impression si familière...
Sa main chercha celle de son jumeau et elle la serra très fort dans la sienne.
Toi aussi tu ressens cette étrange impression...

A son tour il serra la main de sa soeur. Il avait l'impression qu'un souvenir depuis longtemps oublié remontait à la surface. Il voyait très indistinctement une forme se rapprocher de lui, et prononcer une phrase inaudible...puis rien de plus.
Etrange...

Dhyna lui rapporta le même genre de vision, au détail près que la forme déposait quelque chose sur elle.
Il faudra penser à examiner cela plus en détails quand le moment s’y prêtera. Mais pour l’instant qu’allons nous faire de ceci ?
Tu crois que… je pourrais le porter ?
Ben, c'est-à-dire…
Allez !!! Il sera plus en sécurité sur moi que dans un sac !

Elle le regarda avec de grands yeux pleins de tendresse et un sourire charmeur se forma sur son visage.
Shiroï se résigna alors à lui tendre le pendentif, sans oublier pour autant d'émettre certaines réserves.
Fais bien attention ! Il est primordial qu’il reste en notre possession, et il serait tout de même préférable qu’il reste dissimulé…

Tout en continuant de regarder son frère avec son air charmeur elle attacha la chaîne autour de son cou et glissa le pendentif dans sa poitrine pour le cacher. Puis elle déposa un baiser sur la joue de Shiroï avant de se lever et de s’étendre.

Pourquoi est-ce qu’il faut que je me fasse avoir à chaque fois ? Enfin tant que personne ne le remarque… espérons je n’ai pas à le regretter par la suite…

Corrigé par La Puce

Turielo fut coupé quand il voulut répondre à Liriae, il ne savait pas que sans le vouloir, il avait fait quelque chose de rare avec un familier comme Idri. Pour lui ça n'avait rien de magique, depuis quelque temps il avait développé une confiance mutuelle avec la chouette, en fait il comptait la dessus, la magie y avait peut être un lien...

En s'éloignant il passa près de Fanriël, en passant a côté d'elle il lui passa la main dans ses cheveux avec un sourire tendre et lui dit, qu'il devait aller chercher un ami. Evidemment l'elfine voulu aller avec lui, mais il lui rappella qu'elle devait s'occuper d'Idri, elle ne s'opposa pas d'avantage.

Turielo prit une grande respiration et se mit au pas de course en se dirigeant vers le village, sur le chemin il devait traverser une plaine et un petit sous bois, le camp se trouvait à proximité de ce dernier.

Ses pensées tournaient dans sa tête, Liriae lui faisait un grand honneur en lui proposer de commencer son enseignement mais était-ce ce qu'il désirait vraiment ? Il voulait protéger ceux à qui il tenait mais la violence d'un corps à corps sanglant ne lui plaisait pas pour ne pas dire qu'il le répugnait, mais certains impératifs l'y obligeaient. Mais avec la magie il pourrait faire le bien, protèger ces personnes d'une façon qui lui déplaisaient moins.

Une fine branche assez basse le ramena dans le monde réel, il tomba à la renverse, il se releva en se massant le front

"Mais quel imbécile je fais... "

Après s'être maudit une ou deux fois, il comprit qu'il avait atteint le sous bois, le camp des réfugiés n'était plus très loin, Turielo était essouflé et se permit de ralentir le rythme.
Le camp arriva enfin en vue, "Droup il faut que je le trouve " se dit-il

[hrp] En supposant que Turielo cherche partout dans le camp je te laisse la main droupi ^^[/hrp]

Corrigé par La Puce

Cela fait déjà un certain temps que j’attendais que les autres, dans l’attente d’un départ, mais pour le moment, je n’avais vu personne sortir du bois. Je décidai donc de rejoindre ma tente, histoire de me reposer encore un peu. Je déposai toutes mes affaires sur le lit, et me couchai sur le sol.
Il n’y avait aucun bruit dans le camp, tout était calme, silencieux, mais tout à coup, quelqu’un cria, mais ce cri ne ressembla pas à un cri de panique, mais plutôt au cri d’une personne enragée prête à tuer pour sauver ceux qu’il aime. Ce cri semblait étouffé par des murs épais, comme ci cette personne était enfermée, simplement je remarquai que la personne enfermée ici, ce n’était pas lui, mais moi. Quelque chose se passait au-dehors, une bataille, terrifiante semblait se déroulait, mais je ne pouvais pas bouger, j’étais trop terrorisé pour faire un mouvement. Le bataille s’arrêta, et les personnes qui semblaient entourer la pièce où je me trouvais, partirent, me laissant seul. Mais étais-je vraiment seul à ce moment ?

- Droup ! Droup ! Réveille toi !
- Hein ! Euh … ! Ah, c’est toi Turielo !

Encore une fois ce rêve, qui me hante toutes les nuits depuis si longtemps.

- Oui ! Excuse moi, je me suis assoupi. Euh … Nous partons ?

Turielo m’expliqua que l’on avait besoin de moi dans les bois, mais il ne m’en dit pas plus ! Je le suivi donc, et il me dirigea au cratère, que j’avais quitté, peu de temps auparavant !
Tout le monde s’était rassemblé autour de quelque chose, que je n’arrivais pas à distinguer, mais je ne cherchais pas vraiment à regarder ce que c’était, je me concentrais encore sur ce rêve, en espérant y trouver l’indice qui me permettrait de m’en débarrasser.
Turielo, me dit d’aller voir Lirae, et retourna vers une petite elfe, qu’il semblait protéger. Je me dirigeai donc vers Lirae.

- Que ce passe-t-il ? Turielo ne m’a pas dit la raison de ma venue !

Barbare de la conjugaison va ! Je décidai - il décida et les participes passés des verbes en -ir comme finir, c'est fini par finit ^^
Tu en as oublié ^^ ---> Corrigé par La Puce

Aerdrië restait muette. Elle qui ne tenait à peu près debout que grâce à l’assistance de Liriae se demandait comment elle allait pouvoir survivre aux épreuves qui l’attendaient. Non que celles-ci allaient la blesser physiquement, elle l’était déjà assez, mais imaginer un de ces insectes la traîner sur son dos…

Elle essayait d’imaginer la scène afin de se préparer psychologiquement à ce qu’il pouvait quasiment arriver de pire à une Avarielle. La seule image qui lui vint fut un très vieux souvenir de son enfance, à l’école de magie du Pic des Vents. L’image était celle des fourmiens, ces fourmis géantes au QI d’huître. Elle pensait :

Je vais me retrouvée traînée par un de ces rampants, tel un paquet de viande à manger. Je vais être le paquet relativement lourd sur le dos d’une des fourmis qui composent ce groupe… Je sens que je vais mourir là… La honte ne tue pas généralement mais là, je sens venir l’exception qui confirme la règle… Je ne tiendrai pas, c’est trop dur, je ne le sens pas du tout… Il faut que je pense à autre chose…

Aerdrië ne supportait pas du tout l’idée de devoir être portée mais elle savait également qu’elle n’avait pas le choix. De plus, être à la merci d’une de ces bestioles… Si elle avait bien compris bien que le doute était envisageable et surtout envisagé, elle allait être transporté tel un sac de sable par quasiment la pire des créatures du groupe.

Dans une lutte contre le profond désespoir qui commençait à prendre le pas sur sa réflexion, Aerdrië regarda autour d’elle. Elle chercha un moyen d’échapper à ses idées insupportables. Lors d’un tour d’horizon, elle vit une elfine avec un oiseau blanc, cette elfine lui étant inconnue. L’oiseau blanc quant à lui, lui rappelait quelque chose, comme un familier connu mais ses souvenirs étaient troubles et Aerdrië avait du mal à mettre un nom sur cet oiseau…
Un peu plus loin, contre un arbre, un autre elfe. Décidément, que d’elfes… Celui là, inconnu totalement, jamais vu, jamais entendu parler. Si l’elfine était avec l’oiseau, elle devait être connue mais lui, aucun souvenir, et par conséquent, comme il semblait assis sans réaction, sans intérêt.
Aerdrië se souvint d’autres personnes qu’elle avait entendu parler… Mais plus personne… Etait-ce son imagination ? Elle ne se souvenait déjà plus, comme si toute la réalité était altérée, ou tout du moins la perception qu’elle en avait.

Son corps était lourd, douloureux et la faisait souffrir. Elle sentait ses jambes flageoler. Elle manquait de forces et même si elle n’en avait aucune envie, elle allait devoir à nouveau s’asseoir. Plus l’effort de rester debout était long, plus sa tête tournait, comme si elle allait défaillir sous peu…

Liriae était là, la tenant par le bras, la soutenant plutôt. De cette elfe, Aerdrië en avait des souvenirs très nets. Elles auraient pu être de vraies amies dans une autre vie, avec une autre succession d’événements, sans doute moins tragiques. Mais elles étaient proches, assez pour se faire une relative confiance… Se sentant mal, Aerdrië décida de s’asseoir à nouveau, sur ses talons, à genou dans l’herbe fraîche. Après tout, elle aurait bien plus ridicule à subir que cette pose…

Liriae l’accompagna pour s’asseoir, cette aide l’empêchant de tomber lourdement, son équilibre étant plus qu’incertain. En contre-plongée comme elle la regardait, Liriae semblait si forte, limite hautaine, pleine de la puissance qu’Aerdrië avait perdue. Toutefois, le regard bienveillant qu’elle lui offrait était tout de même réconfortant. Ainsi posée, vulnérable mais sous la protection qu’offrait son amie, Aerdrië se sentait presque bien. Seule la sensation de faiblesse et l’absence de vol la troublait réellement… Mais à cet instant, le monde pouvait continuer de tourner sans elle. Elle était si proche de Liriae, quasiment dans ses bras, presque abandonnée… Même cette sensation troublait l’Avarielle. Elle ne se sentait bien qu’auprès de Liriae depuis quelques temps, tuant sans vergogne tous ceux qui s’approchaient d’elles, s’inquiétant lorsqu’elle s’en allait et l’écoutant comme une personne très proche… C’est surtout la confiance qu’elle avait en Liriae qui la troublait… Après tout, notre monde ne nous le permet pas, pensa-t-elle, je ne peux avoir confiance en personne. Mais cette chaleur qui semblait émaner de Liriae, quelle était-elle ?

Mahiro qui jouait de nouveau avec la cordelette de l’épée, s’écria :

Les voilà !

Ce cri ramena Aerdrië à la réalité… Ca y était, le monde les avait rattrapées… Le monstre de muscles arrivait. Le barbare dans toute sa splendeur, les biceps gonflés, les pectoraux développés, les abdominaux hypertrophiés, la cervelle complètement atrophiée ! C’est cette chose qui va me traîner… Mon Dieu, faîtes que mes ailes guérissent vite…

-"Maîtresse !"

La voyant défaillir, Turielo se précipita pour la soutenir, mais avec ses ailes Liriae pesait déjà beaucoup plus lourd que lui et ses jambes fléchirent, et se retrouva avec Liriae dans ses bras. Sentant qu'elle respirait encore, il se rassura.

-"Pourquoi vous être mise en danger ? Droup aurait pu porter votre amie."

Corrigé par La Puce

Dhyna, en s'étirant, jeta un coup d'oeil vers l'autre extrémité du cratère.
*On dirait qu'il y a du mouvement par là-bas... On ferait peut-être bien d'aller rejoindre tout le monde...*

Elle tendit une main vers son frère.
Allez, debout, m'est avis qu'on ne va pas tarder à bouger d'ici.
Shiroï se leva et accompagna sa soeur pour aller rejoindre le groupe. Il avait une expression morose sur le visage, que sa jumelle remarqua.
Allez, fais pas la tête! Ca ne risque rien avec moi, et puis tu es là pour me protéger.
Elle sourit de nouveau.
*Après tout...elle a peut-être raison. On verra bien...*

Il se força à adopter une expression plus joyeuse.
Oui, c'est vrai, je suis là...
Ce qui ne l'empêchait pas de penser à la précédente capture de sa soeur.
*Il me faudra faire preuve de plus de prudence à l'avenir...*

Et ils finirent par arriver devant une Liriae effondrée dans les bras d'un jeune elfe et un barbare qui semblait se reposer contre un arbre.
Les jumeaux échangèrent un regard. Que s'est-il encore passé ici?

Corrigé par La Puce

Les yeux au ciel, les ailes tendues, le corps nu cambré, les mains ouvertes, un sourire aux lèvres, les cheveux flottant dans le vent, Aerdrië se sentait revivre. Elle qui était si mal quelques minutes plus tôt se sentait emplie d’une énergie nouvelle.

L’Avarielle à genou avait senti comme une vie qui entrait en elle, remplissant le vase fêlé de sa force vitale, inondant de vie ce corps qu’elle avait du mal à maintenir d’aplomb. Toute cette force qui entrait en elle était une énergie phénoménale, comme si une vie lui avait été offerte, une âme qui lui aurait donner de quoi se relever et affronter le monde… Aerdrië se sentait revivre !

Elle passa sa langue sur ces lèvres, sans quitter ce sourire qu’elle arborait. Elle était redevenue elle-même, forte comme avant et non plus cette espèce de loque qu’elle était quelques minutes plus tôt. Ses yeux flamboyaient de milles feux, cette énergie se répandant dans tout son corps…

Son aura qui s’était dissipée reprenait sa place avec force et Aerdrië reprit possession de ses pleins pouvoirs. Ses plaies à présent refermées, tout le flux d’énergie pouvait s’écouler autour d’elle sans s’échapper dans ces douleurs insidieuses. Aerdrië se concentra afin de retrouver ses pouvoirs qu’elle pensait perdus. Autour d’elle, l’herbe sur le sol s’agitait frénétiquement, comme si un vent violent traversait la forêt. Les très longs cheveux de jais s’élevèrent sous l’effet de l’aura qui se concentrait autour de l’Avarielle. Aerdrië était en pleine possession de sa force vitale et il ne lui faudrait pas longtemps pour retrouver sa puissance intégrale.

Mahiro regardait Aerdrië avec une certaine appréhension dans le regard. Elle se demandait ce que faisait sa mère mais sentait que la colonne de vent qui se dessinait autour de l’Avarielle n’était pas étrangère à un retour à sa pleine puissance. Aerdrië à ce moment dégageait une énergie considérable, gaspillant ses réserves mais peu lui importait. Elle voulait prendre la mesure de sa force ainsi restaurée.

Baissant le regard vers la petite fée, cette dernière recula, apeurée. Mirage qui traînait négligemment à terre s’éleva et commença à vibrer et à tourner autour de l’Avarielle, à la limite de la transe. L’épée disparut petit à petit des regards, à nouveau cachée par ce voile magique qui l’avait dissimulée précédemment à la vue de tous. Aerdrië se cambra davantage, ses yeux exagérément ouverts, pratiquement exorbités brillaient d’un rouge éclatant, tels des rubis d’une pureté sans défaut.

Plusieurs petites flammes bleutées apparurent et tournèrent autour d’Aerdrië avec frénésie, tels des feus follets autour d’une source de lumière. A mesure que les flammes se multipliaient Aerdrië semblait de plus en plus en état de transe, dans un déchaînement de puissance intégral. Ceux qui accompagnaient Aerdrië depuis début, depuis le sauvetage de Turielo, savaient que ces flammèches n’étaient autres que des âmes prisonnières que l’Avarielle avait capturées, même si celles-ci étaient celles des orcs, récupérées peu de temps auparavant.

Soudain, autour d’elle, une onde circulaire se répandit, le choc secouant toutes les personnes présentes. Cette onde de vent ne blessa personne mais tous la ressentirent comme s’ils avaient été traversés. Une multitude de feuilles s’envola et un nuage épais de cendres du cratère s’éleva, comme poussé par une petite tornade. Seule la fée perdit l’équilibre et chuta sur son petit derrière…

La frénésie était finie, les flammes avaient disparu, comme par enchantement, l’herbe avait fini de bouger, Aerdrië était redevenue normale, comme avant ce déchaînement, les yeux toujours miroitant mais les cheveux flottant à nouveau normalement et l’Avarielle un chouia essoufflée.

Ca fait du bien !

Mahiro regardait incrédule. A quoi rimait tout ce qu’elle venait de voir ? A rien, juste un déchaînement de puissance pour prendre la mesure de sa force ? Et ces flammes ? Elle s’en voulait presque d’avoir eu peur. Elle n’avait rien à craindre, surtout pas de la part de sa créatrice, sa mère. Au fond d’elle-même, la petite fée se sentait emplie d’une force qu’elle n’avait pas ressentie depuis longtemps. En effet, sa condition la liait à sa mère et elle puisait en Aerdrië les forces nécessaires à ses pouvoirs magiques. Ce lien psychique lui montra à quel point la force d’Aerdrië était revenue, emplissant tout son être depuis que mère n’était plus blessée.

Tu es redevenue comme avant…
- Je suis toujours privée de vol mais j’ai recouvré toute ma puissance magique, en effet. Allez debout petite fée, ne te traîne pas sur le sol. Tu as la chance de pouvoir voler alors maintenant que tu n’as plus Mirage à garder, vole.

Aerdrië se tourna vers Liriae, toujours couchée dans les bras de son apprenti. Elle s’approcha de l’elfe ailée et se pencha sur elle. Les yeux plongés dans ce regard vert aux reflets violacés, Aerdrië sourit puis déposa un baiser sur les lèvres de Liriae.

Prendre de tels risques pour moi… C’est à moi de te protéger, pas l’inverse. Ne refais plus ça d’accord ?

Aerdrië caressa les cheveux puis la joue de Liriae d’un revers de main froide.

Je te protègerai contre eux, ne t’en fais pas.

Jetant un regard à Droup, toujours appuyé contre l’arbre même s’il regardait dans leur direction :

C’est son énergie qui a soigné mes blessures, ce qui m’a permis de recouvrer mes facultés en consommant un petit millier d’âmes… Tout compte fait, avoir un de ces barbares dans ses affaires peut s’avérer utile. Je n’imaginais pas qu’il puisse avoir assez d’énergie pour guérir mes blessures et encore moins qu’il lui en reste assez pour tenir debout… Va falloir le nourrir si on veut pouvoir réitérer l’expérience mais c’est plutôt pratique. Moi qui redoutais d’être portée par lui, quelle sotte j’étais.

A Liriae :

D’ailleurs toi aussi à prendre de tels risques… D’ici quelques heures, je devrais avoir la possibilité de voler de nouveau, les plumes brisées s’étant décrochées dans l’aura de puissance. En pleine possession de mes moyens comme je le suis, il ne me faudra pas longtemps pour les voir repousser. Repose toi quelques minutes, prends ton temps, je ne te laisserai pas…

Aerdrië, toujours penchée sur Liriae, lui souriait. Ce sourire, loin du sourire triste de tout à l’heure, était empli de chaleur et de bienveillance, tout comme ce regard qu’elle lui portait. C’était peut-être ce regard qui dérangeait le plus Liriae…

[hrp]On s’amuse ? [/hrp]

Toute à ses pensées, Aerdrië regardait Liriae s’endormir calmement, paisiblement. Le sourire qui était visible à ses lèvre n’avait rien à voir avec tout ce que Liriae ou Turielo connaissaient de l’Avarielle. Il était doux et bienveillant… Eux qui voyaient généralement du sang sur ces lèvres, ce sourire sadique plein de haine, limite psychopathe, le tout accompagné d’un de ces regards de feu qui vous glacent au plus profond, ils avaient en face d’eux le visage d’un ange que la félicité faisait rayonner de beauté. Cette beauté restait triste, certes, et rien du sourire n’évoquait les rires des enfants mais c’était comme si d’une âme meurtrie, d’un monstre qui n’avait connu que la guerre, le désespoir, la violence et la mort, une petite flamme de vie vacillante, un sentiment léger et apaisant, étaient nés… Que pouvait-il bien se passer entre ces deux êtres ?

Mahiro regardait le visage de sa mère et s’émerveillait presque, heureuse de voir une telle douceur dans les traits habituellement si durs, mais en même temps, elle se demandait quelle était la raison d’une telle expression… Jetant un regard à Turielo, elle ne trouva aucune réponse. Ce dernier semblait autant dépassé qu’elle par les événements et tenait dans ses bras celle qu’il appelait maîtresse, comme s’il tentait de garder avec lui un bien des plus précieux…

Aerdrië restait là, à regarder le visage endormi de cette petite elfe à l’apparence déchirée, au cœur tiraillé, à la force indéniable mais à la fragilité qu’elle soupçonnait à peine. Si belle, se dit-elle… Les idées dans la tête d’Aerdrië s’enchaînaient enfin avec la précision d’un mécanisme parfait, chacune se mettant les unes au bout des autres. Elle savait… Ce n’était pas une surprise mais toutes ces pulsions qu’elle rejetait, elle savait qu’elle ne devait plus les repousser.

Aerdrië se souvenait de la grâce et de l’autorité dont Liriae avait fait preuve le jour de leur rencontre, devant cette bâtisse miteuse. Elle se souvenait de ses mots et de cette présence qui, pour une rampante à l’époque, était assez hors du commun. Ses traits métissés entre elfe de la surface et des profondeurs la rendaient si belle, si attirante… Oh bien évidemment, un mâle moyen n’y aurait vu qu’une femelle elfique de la lignée des assassins et n’aurait rien compris de cette pureté qu’il y avait en elle.

L’Avarielle se souvint ensuite du jour où elles rencontrèrent Turielo. Liriae, quelque soit la violence qu’elle exprimait, restait profondément bonne, comme si c’était une succession d’événements qui avaient fait chavirer ce cœur du côté obscur, dans les ombres… Comme si sa nature maléfique qu’elle laissait s’exprimer, cette puissance, cette violence, ce n’était pas vraiment elle mais qu’elle n’avait pas le choix, c’était ainsi. Ce sont ces réminiscences de bonté qui l’ont amenée à choisir le jeune Turielo comme apprenti alors qu’il aurait dû mourir en ce jour sombre… Déchirée entre cette nature neutre voire bonne et un monde qui n’est que violence, son amertume ternit alors ce cœur pur qui voulait battre envers et contre tous et la survie lui dicta cette conduite, lui salit les mains… Tant de volonté, tant de force pour ne pas aller pleurer un dieu et se relever, fière, le poing serré sur sa dague et dans l’autre main, le cœur de celui qui la menaçait. Si forte et si fragile aussi…

Elles se retrouvèrent ensuite dans ce grand manoir, là où l’apparence extérieure de Liriae, à l’instar de l’intérieure devint un peu plus sombre. Là où ces grandes ailes d’argent, à présent comme mortes sur le sol, la changèrent en ce qu’elle n’était pas au fond d’elle… Elle qui était si belle, si pure était devenue en ce lieu une démone, une véritable aberration, une horreur pour ses ennemis, une déesse pour ses suivants maléfiques… Aerdrië n’oubliera jamais ce moment où Liriae, étendue sur cette table de marbre, était offerte, nue à qui voudrait à regarder…
A ce moment, Aerdrië avait déjà compris et avait, plus d’une fois, pris possession de ce corps, l’avait embrassé, l’avait effleuré, l’avait caressé, l’avait aimé… Bien que l’esprit n’était plus dans ce corps, ce dernier restait réactif et même si Liriae ne répondait pas en caresses, les deux femmes avaient dès lors partagé plus que ce dont la morale n'aurait jamais accepté…

Liriae n’en savait rien. Comment aurait-elle pu le savoir ? L’aurait-elle simplement accepté ? Aerdrië n’imaginait pas qu’elle refusât mais préférait lui laisser le temps le découvrir, telle une fleur qui s’épanouirait en son cœur, au creux de ses reins… Si cet amour interdit avait au début troublé l’Avarielle, elle ne s’en cachait plus. En effet, partager les faveurs de Fierna étaient assez courant avant leur dispute pour la sempiternelle question du pouvoir aux yeux de Père mais là, cet amour est né doucement, a pris une place grandissante dans le cœur d’Aerdrië, lui avait fait faire des sacrifices, lui avait faire offrir des cadeaux… Tout ça pour cet amour qui hurlait en elle.

Il y avait tout de même une ombre au tableau… Cet elfe noir que Liriae voulait retrouver. Pourquoi lui ? Pourquoi ce mâle ? Elle n’avait plus rien de commun avec lui… Elle volait à présent, ne pourrait plus avoir d’enfant, n’avait plus aucune attache dans ce monde terrestre alors pourquoi s’accrocher à ce mâle ? Enfin, cet elfe noir n’avait pas sa place entre elles et jamais il n’allait pouvoir les séparer. Aerdrië protégerait son amante, même d’elle-même si nécessaire, mais cet elfe ne les dérangera pas…

Aerdrië imaginait avoir le temps de penser à tout ceci, à l’épanouissement de cet amour interdit. Toutefois, aujourd’hui, Aerdrië a failli mourir et cette éventualité remettait tout en cause… A vrai dire, si je vais bientôt mourir, pourquoi ne pas vivre cet amour pleinement dès maintenant ?, pensait-elle.

Je te protégerai de tous, tu resteras avec moi, nous vivrons ensemble pour toujours, mon amour…

Dans un élan emprunt de douceur, Aerdrië se pencha à nouveau et cette fois ne se contenta pas d’un simple effleurement. Elle prit les lèvres de Liriae dans un langoureux baiser, celui qu’elle voulait donner à la personne qu’elle aime et qu’importe le qu’en dira-t-on.

Turielo et Mahiro étaient médusés. Que faisait l’Avarielle ? C’était incohérent… Depuis quand une telle relation les liait-elle ? Son amour ? Les yeux fermés, une main sur un sein de Liriae, le corps nu de l’Avarielle collé à celui de l’elfine, les lèvres d’Aedrië ne voulaient plus quitter celles de Liriae. Si la situation semblait incompréhensible pour Mahiro, elle avait de quoi troubler le jeune apprenti qui, à ce moment, tenait dans ses bras les deux corps ailés enlacés, celui de sa maîtresse, épuisée, offerte, et celui de l’amante de sa maîtresse, complètement nue et qui s’adonnait à un amour charnel malgré sa présence…

[hrp]Je sens que vous voulez la suite hein ? Avec des détails et tout ^^ Sans parler de ce qui s’est passé dans le manoir où les détails de la découverte du corps.. Gzzzzzzzz Et ben nan, faut pas déconner non plus (quoique ça peut se tenter, ça rendrait l'action moins saccadée mais là interdit aux mineurs, le RP ^^) [/hrp]

La scène qui venait de se dérouler entre les deux femelles ailées étonnait les jumeaux, mais Shiroï sembla apprécier grandement le spectacle.
Cela lui rappelait autrefois, lorsqu’il s’était distingué pour la première fois en combat, il avait reçu comme récompense deux superbes jeunes esclaves humaines que son clan avait capturés pendant l’attaque. Il s’était diverti des jeux sexuels qu’il leur avait imposés pendant quelques temps, l’union charnelle entre femmes l’ayant toujours beaucoup attiré. Lassé, il avait fini par les laisser s’échapper volontairement, une sorte de jeu morbide qui le divertit le temps de rattraper les deux femmes puis de leur donner la mort en prétextant leur fuite.

Mais Liriae finit par repousser l’avarielle et s’envola. Elle semblait troublée…
*Dommage…* Un sourire mauvais s’étala sur ses lèvres. Un tel baiser, qui plus est entre deux femmes d’une beauté pareille…
Eh, dis donc, toi…
Hum ??
Dhyna poussa un léger soupir...Non rien... *décidément on ne le changera pas…*

Puis Liriae revint rapidement, enjoignant les personnes présentes à la suivre rapidement.
Les jumeaux se regardèrent, et, ajustant les sangles de leurs sac, se mirent à courir à la suite de l’elfe volante, suivie de près par son amie ailée...

Glardaï fut tout d'abord dégoûté de voir cette union : ainsi ces deux horribles créatures poussaient le vice jusqu'à s'adonner à de telles indécentes pratiques...Il était aussi déconcerté : dans sa petite vie de mineur, il ne lui était même pas venu à l'esprit que cela serait possible...
Une nouvelle vague de nostalgie l'envahit...

Et soudain, comme si un souhait s'était réalisé, il vit devant lui une des personnes qu'il avait le plus regretté : Groïn, son cousin, en personne !

Il courut dans sa direction et le salua.

-Ben dis don' dit Groïn, ceu qu't'en a mis du temps pou' qu'on t'retrouve !
Glardaï sourit, ne sachant pas quoi dire.
-Bon, j'te reuméne à la mine, t'es d'accord ?
-Bien sûr, j'ai hâte d'y être !
Il salua ses anciens compagnons, et prit la route avec son cousin retrouvé...

Turielo resta planté là quelque seconde, il n'était pas préparé à ce qu'il venait devoir, il ne savait pas quoi en penser non pluà vrai dire.
Il reprit enfin ses esprits et rejoigna sa petite protègée au pas de course, une fois arrivé il reprit délicatement Idri.

"Je suis fièr de toi, tu as su t'occuper d'Idri avec brio"

Il lui passa sa main dans ses cheveux, Fanriël en rougit elle était tellement heureuse que quelqu'un soit fièr d'elle et que cette personne prenne soins d'elle comme le fait si bien Turielo. En partant Fanriël buta sur quelque chose. Fanriël regarda de plus prèt la cause de son déséquilibre et découvrit au sol un sac et une fine cape

"Turielo, quelqu'un à oublié son sac et sa cape j'en fait quoi ?"

Après un rapide coup d'oeuil Turielo sut à qui appartenaient ces objets

"Peux-tu mettre la cape dans le sac en évitant de regarder ce qu'il y à dedans? Ce sac est à Liriae et je doute qu'elle apprécie que l'on fouille dans ses affaires"

Fanriël eut un frisson rien que de penser à cette... être que Turielo suivait aveuglément, en y repensant elle était un peu jalouse... Après avoir obéit à la lettre il repartirent rejoindre la direction que Liriae leur avait désignée

Les deux cousins s’éloignent du chemin…
Glardaï, impatient d’arriver à la mine, bombarde son cousin de questions.

« Où on est ? Qu’est-ce qu’il m’est arrivé ? Comment tu m’as retrouvé ? »

Mais Groïn reste silencieux, comme perdu dans ses pensées…
Glardaï, impatient, commence à s’énerver.

« Mais qu’est-ce qu’il t’arrive ?
-Tais toi, j’te l’dis ! On nous suit… »

Groïn fait quelque pas, et comme un prédateur à l’affût se met à scruter les alentours. Pour la première fois, Glardaï se rend compte de quelque chose d’anormal. Il n’a jamais été habitué à ce genre d’attitude chez son cousin, qui a toujours été rieur et insouciant…
Bientôt, la question qui lui brûle la langue atteint ses lèvres.

« Mais mildiou, qu’est ce qu’il t’arrive ? »

Son cousin se retourne vers lui. Le nain fut parcouru d’un frisson d’horreur…À la place des yeux de Groïn, deux lumières rouges flamboient. Glardaï prend peur. Paralysé, il ne peut détacher son regard de la créature infernale qui n’est définitivement plus son cousin…

« Qu’avez-vous fait de Groïn ? »

La créature éclata d’un rire sans joie, un rire diabolique, malfaisant, qui glaça le sang du nain transi…

« Ton cousin est en sécurité dans sa mine, Envoyé…Ce qui n’est pas ton cas ! »

Aussitôt, la créature changea de forme : ses traits se fondirent, ses vêtements changèrent de couleur, et en quelque secondes Glardaï se trouva face à lui-même, comme son reflet dans un miroir. Le nain n’était pas remis de sa surprise que le bras de son ennemi, le même bras que le sien, s’allongea démesurément et vint frapper son épaule droite, le projetant à plusieurs mètres. La douleur vint voiler les yeux de Glardaï, et il n’entendit que vaguement les paroles de son nouvel adversaire.

« C’est tout ce dont tu es capable, Envoyé ? Je m’attendais à mieux ! »

En un bond la créature fut sur lui, et sa main droite devint subitement un grand marteau de chair, qui s’abattit sur le nain médusé. Par pur réflexe, il mit sa main en protection. Le choc se répercuta dans son corps entier, réveillant la plus horrible des douleurs. Mais à sa grande surprise, il avait arrêté le coup. A peine eût-il le temps de le réaliser, qu’il se trouva soulevé dans les airs, puis projeté dans un fossé…

« Finalement, tu es plus coriace que je ne le pensais…mais pas encore assez ! Il est temps de dire adieu à ta misérable vie ! »

Aussitôt, de marteau, sa main droite devint une lame effilée…Glardaï écarquilla les yeux…Il sentit que sa dernière heure était arrivée. Il ferma les yeux, et attendit le coup fatal…
Lorsque soudain, une flèche siffla. Et le coup ne vint pas. Il ouvrit le yeux. La créature était toujours là, une flèche à la main. Il comprit qu’elle avait arrêté la flèche, de ses mains. Elle murmura : « J’ai été vu… »
Puis elle se tourna vers le nain.

« Tu as de la chance de t’en tirer vivant cette fois. Mais tu regretteras bientôt d’avoir défié mon maître, le grand Méphistophélès ! »

Et il disparut, s’enfuyant à toute vitesse.
Glardaï, médusé, chercha des yeux son sauveur…mais il ne se montra pas…Le nain se demanda pourquoi…lorsqu’une pensée lui vint à l’esprit…
« Le démon avait mon apparence…Et si la flèche n’avait pas pour but de me sauver ? »
Etourdi par tant de pensées si dérangeantes et si improbables dans son esprit de simple mineur nain, il se demanda quoi faire maintenant…
« Le groupe…Il n’y a qu’avec eux que je suis en sécurité à présent…Ces créatures ailées sont assurément maléfiques…mais elles sont peut-être assez puissantes pour lutter contre ce monstre »
S’accrochant à cette pensée finalement pas si rassurante, il repartit sur ses pas, en espérant qu’ils n’aient pas fait trop de chemin…

Pourquoi ?

Cette question résonnait, brouillait toutes ses pensées. Ce monde qu’elle voulait protéger s’effondrait d’un coup… Tout ce qu’Aerdrië croyait possible n’était plus rien, réduit à néant par quatre petits mots qui effleurèrent les lèvres de Liriae…

- C’était donc ça...

Ces quelques mots qui sonnaient comme un glas dans l’esprit de l’Avarielle… Ces quelques mots, tel des poignards, avaient transpercé son cœur. Liriae l’avait repoussée. Non, ces mots, ces mots… Liriae l’avait rejetée… Tel un objet dont on n’a plus l’utilité et qui nous encombre, l’elfe avait rejeté Aerdrië vers les limbes de son existence, loin de tout, loin du monde, loin de tout ce qui avait jamais existé entre elles. Liriae l’avait jetée, dans ces oubliettes des sentiments que l’on envoie mourir. Aerdrië, à présent, était à nouveau seule, si seule, comme les années où elle ne vivait plus vraiment.

Lorsque Aerdrië prit conscience de sa différence, de cette partie fiélonne d’Enfant de l’Ombre qui s’insinuait en elle, elle avait ressenti cette solitude. Rejetée, elle allait l’être, seule, elle le serait sûrement, payer cette trahison, ils allaient le devoir. Durant des années, usant de nombres de manipulations, l’Enfant Maudite détruisit tout ce qu’elle touchait… Rien ne se relevait, souillé par cette marque fiélonne qu’elle laissait derrière elle. Cette espèce de sentiment d’horreur qu’un être qui vivait dans leur communauté pouvait prendre plaisir à décimer les gens, les réduire en bouillie informe et à répandre les lambeaux de chair partout dans la ville afin de maintenir cette peur ancrée dans le cœur de tous.

La peur, la manipulation, l’avidité, les vice, la luxure, la terreur, l’angoisse, la mort, le tout dans un bain de sang… C’était l’image de l’Enfant de l’Ombre, si gentille et si douce dans la lumière, si abjecte loin des regards… Aerdrië avait fait tout cela, prenant plaisir à faire naître des rumeurs, à nourrir des drames pour peu qu’elle puisse en retirer un quelconque pécule ou simplement pour sa satisfaction personnelle. Dresser les mâles les uns contre les autres, massacrer les veuves et les orphelins afin d’attiser les haines et de voir brûler toute la vie que ces personnes construisaient, vie disparaissant baignée dans le sang qu’ils faisaient eux-mêmes couler si abondamment…

Et Aerdrië aimait ça… Manipuler, faire croire, acquérir de la puissance par la peur, cette peur qu’elle nourrissait dans le cœur de tous afin qu’ils s’entretuent. Ces êtres n’étaient que des animaux, du bétail, les jouets et Aerdrië aimait jouer…Et elle n’était pas seule, Calia était avec elle.

Calia, cette ancienne elfine devenue vampire, une de ces altérées perdues, abandonnées à leur sort. L’Avarielle l’avait connue avant, cette gourde d’elfine puis l’avait retrouvée après sa renaissance, perdue, affamée, sans doute loin d’être à la hauteur des exigences de son père ou de sa mère qui avait pris le temps d’en faire une infant, ce qui n’était pas rien malgré tout. Calia ne savait plus rien de son ancienne vie et possédait les souvenirs entremêlés de son parent, ce qui aurait sans doute rendu folle n’importe quelle elfine et ce qui était, à n’en pas douter, son cas. Aerdrië l’a recueillie, élevée, nourrie ([hrp]Vous vous souvenez le premier prétendant ?[/hrp]) et, avec le temps, avait commencé à l’aimer, telle une petite sœur…

Ensemble, elles avait parcouru de nombreux mondes, avait ouvert la voie au Mal puisque c’est ainsi qu’il fallait l’appeler mais malgré tout, il manquait quelque chose à Aerdrië, quelque chose que son amie ne pouvait lui donner, comme si elle restait incomplète malgré les joies que la haine qu’elles laissaient dans les cœurs pouvaient lui procurer. Calia n’était pas assez, elle savait qu’elle restait incomplète… Que lui manquait-il ? Elle n’en était pas certaine…

Quand le Baatezu se présenta à elle afin de l’emmener vers celui qu’elle devait appeler père, Aerdrië crut voir un nouveau jour se lever. Quelqu’un l’attendait, attendait Aerdrië et était venu la chercher, tel un chevalier dans son armure flamboyante pour sa belle dans toutes les mauvaises histoires humaines… Mais en fait, non… ce n’était pas Aerdrië que ce puissant chevalier voulait, c’était l’Enfant de l’Ombre, les petit monstre aux capacités spéciales… A nouveau, au fond d’elle-même, Aerdrië restait seule…

Puis Calia mourut, dans des circonstances assez obscures même si le ou plutôt la coupable était connue… Mais aucun changement de ce coté. Le même vide. Lorsque Aerdrië fut présentée à la sorcière et à l’archimage, c’était une famille qu’elle gagnait mais au fond, rien n’était comblé. C’était son cœur qui était seul, celui qu’elle voulait offrir, malgré tout, malgré sa nature, ce cœur démoniaque, meurtri mais qui blessait au moins autant qu’il ne l’était…

Quand elle la vit, son cœur s’embrasa, ces doutes s’envolèrent, Aerdrië savait que c’était elle. Cet elfine, si belle, si dangereuse, si douce, si violente, si maladroite, si torturée, si malfaisante, pleine de haine mais aussi pleine d’amour… Cet amour, ce cœur offert, ouvert… Aerdrië l’avait aimée au premier regard, ce jour où elle fut délogée de son arbre… Pourquoi elle, pourquoi cette elfine, elle ne le savait pas, pourquoi, pourquoi… Pourquoi… Pourquoi l’avait-elle rejetée ?

Liriae était haut dans le ciel, si loin, avec ce regard à la fois perdu et dégoûté…

- C’était donc ça...

Quelques mots, quelques mots… Ces lames froides qui la transpercèrent de part en part, comme si ces mots l’avaient assassinée…

Aerdrië voulait s’envoler, aller se blottir dans les bras de son aimée, ceci ne pouvait être vrai… C’était une réaction idiote, pour rire… Aerdrië voulait sourire à l’idée de cette blague mais n’y parvenait pas… Elle étendit les ailes, battit un coup sec pour décoller mais rien n’y faisait, elle ne le pouvait pas… Liriae volait là-haut et elle, elle était clouée au sol…

Le souvenir rattrapa Aerdrië. Liriae savait que l’Avarielle ne pouvait pas voler… Si elle avait décollé, ce ne pouvait être que pour fuir, rejeter Aerdrië et tout ce qu’elle représentait, s’envolant dans les hauteurs, la laissant au fond de l’abîme dans laquelle elle l’avait mise, tel un déchet laissé lors de l’envol. Liriae l’avait complètement rejetée…

Aerdrië sentait un poids énorme dans sa poitrine. Son cœur venait de se geler, gelé par ces quelques mots… Tout son univers qu’elle envisageait, elle, dans les bras de celle qu’elle aimait, partageant un futur trône, toute puissante et aimée, tout s’effritait… Son cœur battait mais Aerdrië ne savait plus pour qui, pour quoi…

- C’était donc ça...

Ces mots résonnaient, malgré les longues minutes et l’éloignement de celle qui les avait prononcés. Aerdrië était debout, nue, les yeux au ciel à regarder cette ombre qui s’envolait. Les mains croisées sur son cœur, elle luttait contre le désespoir… Une larme coula sur sa joue. C’était trop, plus rien n’avait d’importance. Elle avait lutté si dur, s’était sacrifiée pour que cet amour puisse s’épanouir telle une fleur au paradis et… Quelques mots, rien que quelques mots…

Ses sentiments si purs, si beaux, si fragiles, ceux qui naquirent malgré tout le sang versé, tout cela dans cet écrin de cristal qu’elle offrait avec tendresse à l’élue de son cœur, tout venait d’imploser, de se broyer entre les mains d’une elfine qui l’avait rejetée. Aerdrië était pourtant tellement sûre qu’elle l’avait acceptée… Tous ces regards, tous ces effleurements, tous ces non dits, c’était faux ? Aerdrië ne pouvait y croire… D’autres larmes coulèrent doucement, de grosses larmes, pleine d’une douleur non dissimulée…

- Préparez vous ! Il faut que l’on parte ! Maintenant !

D’autres mots… si froids… Cette fois, aucun doute… Aerdrië n’était pas repoussée, elle était tout simplement rejetée. Les yeux grands ouverts qui fixaient Liriae laissaient couler moult larmes d’un chagrin naissant, d’une torture foudroyante. Aerdrië tremblait de tout son être. Abandonnée aux ténèbres, voilà ce que je suis, pensa-t-elle…

Pourquoi ? Pourquoi ? Pourquoi ? POURQUOIIIIIII ?

Aerdrië hurla, comme pour exorciser cette terreur de l’abandon, cette douleur d’un cœur broyé, réduit en poussière par des sentiments trop intenses. Elle tomba genoux et pleura en répétant sans cesse :
Pourquoi ? Pourquoi ? Pourquoi ?

Mirage réapparut et chuta, se plantant en terre comme une lame lâchée dans le vide. La froideur de Liriae après un tel rejet, Aerdrië l’avait vécu comme une trahison… Elle l’aimait tellement, elle aurait tout sacrifié pour cet amour, tout, même son trône si elle le lui avait demandé… Mais là, le rejet, intégral… Elle avait été trompée, aveuglée par ses sentiments… Elle qui pensait mener la danse, avait été tout bonnement manipulée. C’était la seule explication… Liriae avait joué avec elle, il n’y avait aucune autre explication, elle s’était amusée et avait profité de la situation. Liriae lui avait tout pris… Elle était pire que Fierna… Autant cette dernière lui avait tué son enfant et pour cela, elle méritait la mort, mais là, que faire ? Tuer celle qu’elle aimait malgré tout ? Elle se donnerait la mort plutôt que de toucher à un cheveu de Liriae… Pourtant, elle la broyait sans vergogne…

Que faire ? Partir ? La laisser vivre et être heureuse malgré la douleur que cette séparation entraînera ? Le rejet était manifeste, inutile de douter de celui-ci… Son cœur n’était pas ici et l’écrin que lui réservait Aerdrië resterait à jamais vide. Alors que faire ? L’idée de laisser son amour se faner entre les mains d’un de ces terrestres, rampant, insectoïde quadripode sans intérêt, tout juste bon à nourrir les dragons, cela, elle n’arrivait pas à s’y faire… Mais l’éliminer, c’était le meilleur moyen de rendre Liriae malheureuse, ternissant à jamais ce cœur pur qu’Aerdrië aimait tant.

Pourquoi m’avoir rejetée ainsi… mon amour…

Ces quelques mots n’étaient plus qu’un soupir que seule Mahiro, aux côtés d’Aerdrië put entendre… Voir Aerdrië pleurer à chaudes larmes la déboussolait. Elle ne comprenait pas les sentiments de sa mère et ne savait pas pourquoi elle pleurait. Elle qui paraissait si forte, si heureuse quelques secondes plus tôt, venait de se briser, tel un vitrail et plus rien ne restait de l’Avarielle si fière. Que lui avait fait Liriae, se demanda-t-elle…

Quand Aerdrië chercha des yeux Liriae, celle-ci ne s’était même pas retournée et partait vers le Nord, entraînant avec elle toute sa petite troupe, laissant les déchets derrière. Pourquoi l’avoir rejetée ? Aerdrië espérait une fuite mais ne se faisait pas d’illusion. Les mots étaient trop clairs, trop limpides…
Turielo avait récupéré le sac et la cape et se mettait en marche, Droup avait déjà quitté son arbre et les elfes noirs commençaient à bouger, comme mû par le charisme de l’elfe. Aerdrië était de nouveau seule, terrassée par quelques mots, définitivement plus puissants que toute arme…

Mahiro se planta devant l’Avarielle agenouillée. Elle lui sourit tout en penchant la tête.

Tu essayes de me remonter le moral ?
- Si je te réponds oui, tu vas te fâcher, hein ?
- Probablement…
- On les suit ? Après tout, tu ne vas pas rester là, à pleurer ? Et puis, tant que tu n’es pas remise, impossible de rentrer nous venger…
- Nous venger ? De qui ? De ce monstre que j’ai tout de même créée ? De Père qui reste notre seul moyen d’accéder à un quelconque pouvoir ? De Liriae ?
- Arrête…
- Tu sais très bien qu’à part le pouvoir, il ne me reste rien… J’ai toujours été seule, je fus idiote d’espérer qu’il en soit autrement…

Ces mots étaient étranglés, comme si Aerdrië cherchait plus à se convaincre qu’autre chose…

Je suis là, moi…
- Ne me parle pas comme à une amie, j’ai horreur d’avoir des amis… Je n’ai jamais eu d’amis.
- Arrête de te faire tant de mal… Nous ne sommes peut-être pas aussi fortes que nous le pensions, hein ?
- Peut-être…

Aerdrië sécha ses larmes, enfin, essaya de les sécher. Elle se releva, attrapa Mirage qui ne voulait décidément plus s’envoler elle non plus, ce qui en disait long sur la force et le mental de l’Avarielle à ce moment…

Peut-être…

Malgré ce rejet, Liriae restait celle qu’Aerdrië aimait. Elle savait qu’elles allaient devoir se quitter, que la situation allait devenir impossible et que se blesser l’une l’autre, ce n’était pas une solution acceptable. Une fois qu’elle serait rétablie, Aerdrië partirait, c’était la moins pire des solutions envisageables. Liriae pourrait être heureuse avec celui qu’elle aimait et rendre Liriae heureuse était ce qui importait pour Aerdrië… Tout du moins, elle essayait de s’en convaincre malgré cette douleur dans sa poitrine.

Peut-être…

HRP : Je sais que je ne tombes pas au bon moment mais...

A ce moment-là, le nain paniqué déboule comme un fou.
Un monstre ! hurle-t-il
Reprend son souffle en haletant
Il y a un monstre qui nous poursuit !

Des mots… Par une once de l’amour qu’elle recherchait, des mots…

- Je t'en prie, Aerdrië, ne crois pas que je t'aie trahie. Je t'aime plus que tu ne le soupçonnes... Mais pas de la manière que tu souhaiterais...

Des mots, encore des mots… Ces mots qui font si mal.

…pas que je t’aie trahie…

Ces mots sonnaient affreusement aux oreilles de l’Avarielle… Bien sûr qu’elle avait été trahie, bien sûr qu’elle ne le croyait pas, elle le savait. Comment pouvait-il en être autrement ? L’elfe s’était enfuie, s’était envolée et ne s’étaient retournée qu’après coup, après ce cri de douleur… Il n’y avait pas d’amour dans cette situation, peut-être des remords et encore… Liriae ne voulait pas la blesser et était revenue mais c’était encore pire qu’avant…

En effet, de se sentir trahie et déshonorée devant tous ces yeux, puis abandonnée là, c’était une épreuve mais là, se retrouver dans les bras de celle qui ne l’aimait pas, comment pouvait-il en être pire ? La toucher, sentir son parfum, s’enivrer de sa présence, se réconforter à son contact alors que l’esprit criait à la trahison… Le cœur voulait profiter de ce contact, l’esprit recommandait de se tenir éloignée… Aerdrië était bloquée…

Que faire, se laisser enlacer alors qu’elle savait très bien que dans peu de temps elle serait de nouveau seule loin de son amour… Devait-elle laisser éclore cette fleur pour la voir faner ensuite, et ce inéluctablement puisque la traîtrise de l’elfe était manifeste ? Se laisser embrasser ainsi, quelle ironie… L’Enfant de l’Ombre n’était qu’une pauvre elfine stupide et sa nature ne l’avait protégée en rien de ce qu’il se passait en elle à ce moment précis… Aerdrië se haïssait elle-même. Comment peut-on tomber aussi bas que d’apprécier le contact charnel de la traîtresse ?

- Tu sais, je ne me suis jamais sentie aussi proche de quelqu'un que depuis que j'ai fait ta connaissance... Mais je ne suis pas celle que tu attendais... J'aurais tant voulu...

Menteuse… menteuse… menteuse…

Menteuse !

Aerdrië s’échappa de l’étreinte si douce. Ses larmes avaient enfin cessé de couler alors que d’autres, si lourdes de sentiments, glissaient sans heurt sur le visage si fin de Liriae.

Pourquoi ces larmes ? Est-ce des regrets ? Des remords ? Tu ne veux pas laisser une vieille elfe stupide derrière toi ?
- Ce n’est pas… Je ne t’ai pas trahie !
- Menteuse, menteuse, menteuse…

Aerdrië attrapa la cape que Liriae lui avait mise sur les épaules et la fit glisser à terre. Elle ne voulait plus être faible. Peut-être n’était-elle pas si forte qu’elle aurait voulu mais si les sentiments de Liriae semblaient lourds et sincères, tout l’esprit d’Aerdrië était focalisé sur un point : la trahison… En effet, jusque dans ses dernières paroles, Liriae la blessait…

Pourquoi cet être immonde de la surface et pas un être pur comme elle ? Que pouvait bien avoir, cette limace, qu’Aerdrië ne saurait posséder ? Plus ces questions tournaient vite, plus l’Avarielle se sentait blessée, humiliée par un insecte… Devrait-elle le tuer ? Devrait-elle l’éliminer et nettoyer son honneur dans ce sang infect qui coulait dans ces veines ?

Aerdrië était perdue. Son cœur voulait aimer, malgré tout. Son esprit hurlait à la trahison et à la vengeance. Son corps refusait de bouger, ne voulant s’éloigner sans pour autant accepter un tel contact... Rien n’était simple, tout lui échappait…

Les yeux d’Aerdrië se troublèrent à nouveau. Des larmes incontrôlables allaient bientôt s’écouler et cela n’arrangerait rien. Un frisson la parcourut. Sa nature reprenait de plus en plus le contrôle, cette nature qui était restée calme depuis sa renaissance… Un scénario était fort simple et se dessinait devant l’Enfant de l’Ombre. Elle avait été trahie, malgré tout, et cela était inacceptable. Le meilleur moyen de se venger était de faire subir à l’opposant les pires tortures. Quoi de pire pour un amant que de perdre sa dulcinée… Si Aerdrië ne pouvait l’avoir, alors personne d’autre n’aurait Liriae et cette dernière allait devoir mourir…

Cette espèce de futur qui se traçait sur les lignes du temps, l’Aerdrië actuelle ne pouvait l’accepter. Comment pourrait-elle la tuer ? Mais une chose était sûre : rester aux côtés de Liriae était le meilleur moyen de faire ressortir ces pulsions meurtrières, pulsions au combien fascinantes mais aussi terrifiantes. Sa nature fiélonne transcendait tout espoir de volonté contraire, allait au-delà de tout espoir de contrôle… Elle allait redevenir ce monstre qu’elle était et rien ne pourrait apaiser son sang démoniaque. Liriae n’était plus la même dans son esprit. Elle avait changé, l’avait trahie et cette trahison était la pire car elle ne semblait pas volontaire…

Ne t’approche plus de moi… S’il te plaît… Ne t’approche plus…

Aerdrië se retourna et partit en courant dans la forêt, dans la direction du village détruit. Elle pleurait à grosses larmes mais savait qu’elle n’avait d’autre choix. Rester avec Liriae, c’était ressentir cette trahison et au final, la rancœur naissant de l’amour éconduit, elle aurait fini par la tuer… L’Avarielle le savait et ne voulait pas que cette chose arrive. Elle choisit alors la fuite, froissant une fois de plus son honneur d’Avarielle devant des sentiments si douloureux…

Liriae voulu l’empêcher de partir et tenta de la poursuivre quand Mahiro l’arrêta.

N’y va pas… Laisse la seule…

Liriae lui jeta un regard désapprobateur.

C’est sa nature qu’elle redoute. L’avoir pour mère m’en a révélé énormément sur Aerdrië…
Ses sentiments sont depuis toujours écrasés par cette nature qui est en elle. Depuis des semaines, elle essaye de se contrôler, de limiter ses pulsions envers toi. Elle t’aime vraiment mais telle une malédiction, elle finira par te tuer, rattrapée par cette nature fiélonne qu’elle traîne derrière elle. Elle est émotionnellement à bout de force…
Imagine que son être est comme un vase. Quoi que l’on fasse, les dimensions du vase sont déterminées dès le départ et à force d’y mettre les sentiments de haines rejetés, ce vase finira par déborder, c’est inévitable. Une fois que ça arrivera, rien ne pourra plus éviter le fait qu’elle s’en prenne à tous ceux qui seront proches d’elle… Ses amis, ses enfants, moi… Et toi…
Mais là, même si tu ne le voulais pas, tu l’as en quelque sorte trahie, tout du moins, de son point de vue. Alors imagine ce qui va se passer maintenant que ce vase est fêlé…

Une moue se dessina sur le visage de Liriae. Ses larmes ne coulaient plus si abondamment mais ses yeux étaient rougis. Ce que Mahiro venait de dire avait de quoi la faire réfléchir…

Je ne pourrai te retenir, fais comme bon te semblera mais si tu y vas, tu risques de la briser… Et là, ni toi, ni moi n’en réchapperons…

Aerdrië courait à en perdre haleine. Ses larmes coulaient sans discontinuer. Elle ne cessait de répéter "menteuse, menteuse, tu m’as trahie, menteuse, menteuse…". Elle déboula en trombe sur le champ de bataille recouvert de cadavres d’orques. Contemplant le désastre au travers des larmes, cette vision qui aurait dû lui remonter le moral ne fit qu’attiser son désespoir naissant. L’image de Liriae, morte, tel un de ces orques gisant frappait son esprit avec force. C’était ce que réclamait sa nature en plein réveil !

Tuer, tuer… La tuer…
Non ! Jamais…
Tuer, te venger… Laver ton honneur dans son sang…
Noooon, je ne peux pas faire une chose pareille
Tuer, la soumettre, lui faire payer sa trahison… Elle nous a trahies, elle doit payer, elle doit mourir…
Non, pitié, je refuse…
Tuer, la tuer… Tu dois la tuer…

Aerdrië se boucha les oreilles avec ses mains, comme si cette voix allait s’arrêter. Mais elle était en elle… C’était l’Enfant de l’Ombre qui criait vengeance… l’Avarielle tomba à genoux et hurla de toutes ses forces, comme si ce hurlement allait la délivrer de ces chaînes qui l’entravaient, allait la libérer de cette nature qu’elle voulait fuir, pour une fois…

Je ne veux pas… la tuer…

Liriae et la fée avaient entendu le cri d’Aerdrië. Elles se regardèrent droit dans les yeux, comme pour voir ce que chacune pensait et allait faire…

Je la sens en moi. En quelques battements d’ailes dans cette direction, tu pourras la rejoindre mais veux-tu risquer de la briser ?

Mahiro indiquait de sa petite main la direction du champ de bataille délaissé, probablement déjà un lieu de repas pour de nombreux animaux carnivores attirés par l’odeur du sang répandu… Elle quitta Liriae des yeux et se dirigea vers Mirage, à nouveau laissée à terre par sa mère.

Décidément, tu dois être en piteux état là haut… Je ne donne pas cher de nos chances de survie à présent… Tuée par celle qui m’a donné le jour, quelle ironie…

[hrp]Dis ce que tu veux, fais comme tu veux, mais en fonction de tes choix... C'est pénible, hein, l'embarras du choix ^^[/hrp]